Luca Prescott ~ Gotta love the drama

Physique & Caractère

Histoire

Contrairement à ce que l’on peut penser, être bourgeois, c’est compliqué. Ce n’est pas aussi rose que dans les films, même si je dois avouer que la partie de l’argent était pas mal agréable. Bah quoi ? J’peux m’acheter pas mal tout ce que je veux quand j’en ai envie. Bien des gens tueraient pour ça. Par contre, l’argent, ce n’est pas tout de la vie de bourgeois. Le reste était un petit peu moins attrayant. Depuis que j’étais petit, on me répétait sans cesse les mêmes commandes, c’est-à-dire toutes les règles de bases de la société et comment je devrais me comporter. Les plus importantes de toutes, je les entendais chaque jour. Ne fait confiance à personne. Ne t’associe pas avec les pauvres. Agit comme un bourgeois. Garde toujours un couteau à portée de main…

En plus des mêmes phrases, c’était aussi toujours la même routine où on me poussait à enrichir mon éducation, mes manières et mes talents artistiques. Oui, oui, l’art. Ce truc inutile qui n’intéresse personne mis à part quelques gens… Spéciaux. À quoi ça me servait ? Pas grand-chose, à part impressionner des abrutis. Tous les jours, je suivais cette routine qui, sans que je ne le sache, était devenue si pesante que je faisais de tout, mais sans y mettre vraiment d’énergie, car au fond, je m’en foutais bien de savoir jouer du piano ou d’être premier de classe. À quoi ça servait ? Pas besoin d’être premier de classe pour faire des affaires. Tout ce que je devais savoir reposait dans les commandes avec lesquelles on me lavait le cerveau depuis ma naissance. Ça et peut-être quelques cours d’arts martiaux et d’auto-défense.

Allez, on ne se le cachera pas ; être bourgeois, c’est dangereux. Je n’arrive même plus à compter le nombre de fois où on avait essayé de me kidnapper ou de m’attaquer. J’me suis même fait poignarder dans le ventre alors que je me battais contre trois gars ! … Ou c’était peut-être juste l’appendicite que j’ai faite à 5 ans… Un de ces deux-là, c’est pas important. Enfin, vous voyez le genre de dangers auxquels je suis exposé ? Pourquoi croyez-vous que je traine un couteau partout où je vais ? Mine de rien, j’avais coupé bien des doigts avec ça, y compris les miens. Quand même, c’est qui le con qui donne un couteau à un gamin de 12ans ?

Néanmoins, il avait été bien utile, ce couteau. Je me rappelle de cette fois où notre voiture était tombée dans un lac glacial, car les freins ne fonctionnaient plus. Les ceintures ne voulaient pas se déboucler et l’eau montait de plus en plus dans la voiture. Toute la famille s’en était sortie intacte, malgré quelques engelures, parce que mon père et moi avions nos couteaux à portée de main. Le gars qui avait saboté les freins et les ceintures, lui, ne s’en était pas sorti aussi bien. Mon père avait dû s’en occuper secrètement dans les semaines qui ont suivi. C’était ce qu’il méritait après avoir échoué son meurtre.

Bon, je vois bien ce que vous vous dites : il aurait dû mettre une bombe dans le moteur. Non ? Pourquoi on nous en voulait autant ? Vous croyez quand même pas que tous les bourgeois deviennent riches en étant honnêtes ! Foutaises. Ma famille s’appropriait des terrains de façon plus ou moins légale et les revendait pour s’enrichir depuis bien des générations. Au bout d’un moment, la fortune s’accumule. Ouais, ça explique bien les kidnappings et les attaques. Ma petite sœur a des gardes du corps qui la suivent partout. Moi, je sais me débrouiller, même si j’ai eu des gardes du corps au cul pendant longtemps. Jusqu’à ce que j’entre à l’académie, en fait.

Dès que j’ai atteint l’âge d’y entrer, on m’a inscrit à l’académie Hampton parce que c’est la plus sécuritaire du coin, et accessoirement parce que c’est une académie prestigieuse. Pas besoin de gardes du corps là-dedans. Enfin… Peut-être bien que oui vu les différences de classes sociales et les tensions que ça cause. Avant d’arriver là-bas, je pouvais imaginer à quel point les disputes et les mauvais coups étaient fréquents. Par contre, je ne m’inquiétais pas trop, car je savais me faire discret et me taire pour observer le drama à distance.

Quoi ? Comment j’peux me faire discret avec les cheveux bleus ? Mais on s’en fout ! J’ai qu’à fuir silencieusement et laisser les autres porter le blâme si j’me met dans la merde. Pis si jamais j’me fais attraper, je nie tout ! De toute façon, vu que j’suis bourgeois, j’devrais pas avoir de problème d’intimidation. Tant que c’est pas moi la victime, j’me plaindrai pas, hein. Bon… Faudra tout de même que je me comporte avec un minimum de décence si je ne veux pas entacher davantage la réputation de ma famille déjà qu’elle n’était pas très bonne au départ…

Du coup, arrivé à l'Académie, j'avais fait profil bas. Je faisais semblant d'apprécier tout le monde, mais je restais toujours un peu plus en solitaire. Je ne participais pas aux tensions que je causais et personne ne semblait vraiment me détester alors je laissais mon couteau dans ma chambre et ne l'utilisais que pour ouvrir des trucs ou lorsque je sortais de l'Académie. J'avais quelques amis bourgeois avec qui je pouvais m'amuser quand le personnel avait le dos tourné. Je participais souvent aux événements organisés par les délégués, mais je me tenais quand même loin d'eux en général. J'avais entendu dire qu'ils pouvaient nous ruiner s'ils le voulaient et vu mon caractère, il valait mieux que je ne m'approche pas. Tout pour garder une petite vie confortable en gros.

Hé oui… La vie de bourgeois, c’est un peu compliqué.

Vous et le forum