Rich Harassment

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Une vengeance regrettable...

Léonard De La Croix
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Une vengeance regrettable...
Léonard n'en pouvait plus de voir son colocataire tous les jours de la semaine. Voir son visage de menteur qu'il ne supportait plus. Il ne savait pas si c'était lui qui l'avait remis dans son lit une fois qu'il s'était effondré, mais même si c'était le cas il ne lui en tiendrait pas rigueur. Pas moyen qu'il le pardonne.
Le problème étant qu'il n'arrêtait pas de s'en plaindre auprès de son meilleur ami, qui finit par lui donner un gage qui risquait de faire plaisir à Léonard : se venger de cet ignoble mensonge. Ensemble, ils avaient réfléchi à un moyen de le faire payer, et Andrew mit le doigt dessus : l'humilier. Mais pas en public. Juste devant Léonard. Et quel était le meilleur moyen d'humilier quelqu'un ? En le faisant boire de l'alcool et le filmer bourré. Quoique le filmer était une option dont il pouvait se passer. Il verrait sur le moment s'il le filmait vraiment ou pas.

Puisque, de temps en temps, Léonard restait le week-end pour voir Andrew, ce ne serait pas inhabituel pour Stern de voir son colocataire le samedi et dimanche dans leur chambre.

Alors, une fois que Stern sortit de la chambre le matin du samedi pour faire son jogging habituel, Léonard en profita pour se lever. Il s'étira, puis posa ses pieds sur le sol. Il regardait la bouteille d'eau que Stern avait laissé et hésita. Il avait quand même un peu de pitié, et puis s'il sentait de suite l'alcool, comment allait-il faire ?
Léonard misa tout sur la fatigue. Si Stern était assez fatigué pour ne pas sentir le goût de l'alcool, alors il s'en sortirait bien. Même très bien.

Il finit par balayer ses doutes et s'empara de la bouteille d'eau remplie. Il en versa la moitié dans une de ses anciennes bouteilles vides qu'il collectionnait sous son lit, et la remplaça par de la vodka. Il fit attention de laisser la fenêtre ouverte pour que l'odeur s'échappe et reposa la bouteille à son endroit exact, l'étiquette tournée vers la porte comme elle l'était. Il rangea rapidement la vodka sous son lit, au milieu des cadavres de plastique et pria tout en fermant la fenêtre

Il finit par s'enfouir sous ses couettes et à jouer à la DS, le son coupé, en attendant que son colocataire finisse son sport. Il avait le coeur qui battait à mille à l'heure, à la fois impatient et nerveux.

En réalité, il était surtout impatient. Il avait hâte qu'il avale toute la bouteille comme si c'était vraiment à 100% de l'eau.
Leopold Stern
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Cinq, quatre, trois, deux, une… Zéro ! C'est d'un pas léger et assuré à la fois que le grand jeune homme grimpa les dernières marches et qu'il posa son pied sur le palier du deuxième étage. Il revenait de son footing matinal, profitant de la montée de l'escalier en petites foulées pour étirer ses muscles, tendus par l'effort et l'air frais de l'extérieur. En effet, depuis quelques jours, on pouvait réellement dire que l'hiver était arrivé et avec, son lot d'inconvénients. Entre autres, Leopold nommerait l'obligation de porter des vêtements chauds (et donc lourds) en toute circonstance, le besoin accentué de se tenir à bonne distance des autres pour ne pas attraper leurs maladies diverses et variées, et surtout, la tombée rapide de la nuit.

En plus de tout cela, l'hiver énervait passablement le châtain car il limitait ses performances sportives : il ne pouvait pas se permettre de courir aussi longtemps qu'avant et avait beaucoup plus de difficulté à poser son rythme cardiaque ; ses poumons, agressés par le contraste entre leur chaleur habituelle et la froidure de la bise hurlaient de douleur au lieu d'accomplir correctement leur travail. Il avait beau savoir que c'était chaque hiver pareil, et qu'il n'aurait qu'à s'adapter en attendant le retour de températures plus clémentes, cela l'agaçait.

Au moment exact où la semelle de sa chaussure droite entra en contact avec le parquet, les dernières notes de la symphonie qu'il écoutait s'envolèrent ; à cet instant précis, un rayon de soleil traversa à la vitesse affolante de trois cent mille kilomètres par seconde la vitre du couloir, entra dans son œil droit, faisant se rétracter sa pupille ; enfin, lorsque, ébloui, il dévia son regard, celui-ci entra en contact avec celui d'une de ses camarades de classe qui stationnait sur le palier et qui lui sourit, surprise.

Leopold eut alors l'impression que le temps s'arrêtait. Comme dans les films. Dans un film, la scène se serait réellement arrêtée, et la caméra aurait enchaîné plusieurs prises de vue, comme des photographies, pour montrer précisément la scène aux spectateurs, montrer à quel point le “héros”, malgré le fait qu'il soit encerclé par les “ennemis”, reste beau, cool et calme. Sommairement, c'était ce qu'il se passait dans l'esprit sûrement légèrement narcissique et paranoïaque de Leopold. Alors que le jeune homme pensait avoir l'éternité ou presque pour faire son choix de trajectoire, la réalité le heurta de plein fouet. Un peu comme la voix de sa camarade d'ailleurs. Leopold ne fit même pas semblant de prêter attention à ce qu'elle disait et ne prit même pas la peine d'enlever ses écouteurs ; d'une certaine façon, il bénissait cette popularisation des mauvaises manières. Il la salua brièvement et lui sourit fugacement, mais ne s'arrêta pas pour autant pour lui parler. Il n'avait ni le temps, ni la patience pour parler aujourd'hui. Ses poumons et sa gorge le brûlaient de douleur, et le jeune homme ne pensait qu'à une seule chose : boire, boire à en crever pour éteindre cet incendie.

Il fit donc quelques pas, sa chambre étant une des premières du couloir, et entra. La première chose qu'il vit lui arracha une grimace de déception : une boule, une masse humaine enfouie sous une couette.
Il avait totalement oublié que De La Croix avait décidé de rester au lycée pour le week-end. Bien sûr, il aurait préféré être seul, mais cela ne changeait pas grand-chose. Depuis la fameuse soirée où Leopold avait cru se noyer dans une colère immense, qui n'était pas la sienne, qui ne pouvait pas être la sienne, le blond ne le regardait plus ; à vrai dire, il l'ignorait royalement. Et cela ne gênait pas vraiment Leopold. Après tout, il aimait le silence plus qu'il ne dépréciait les regards noirs, et c'était tant mieux.

Il dévia le regard, et, sans y apporter aucune attention, attrapa sauvagement sa bouteille d'eau. Enfin ! Il but avidement une dizaine, que dis-je, une vingtaine de gorgées apaisantes tout en enlevant ses chaussures avec ses pieds. Malgré le goût désagréable qu'il avait dans la bouche après avoir couru, et malgré sa soif aride, il tiqua. L'eau… L'eau avait un drôle de goût là, non ? Et elle n'apaisait en rien sa douleur à la gorge. Au contraire. Il eut soudain l'impression d'avoir vidé un bidon d'essence sur un brasier en espérant l'éteindre. Il arracha de ce poison de ses lèvres sèches, et recracha sa dernière gorgée. Il resta quelques instants sans bouger, interdit, la bouche en feu, le cerveau en ébullition. L'eau.. Était rance ? Il était pourtant persuadé de l'avoir changée récemment, voire même la veille… Il tourna la tête vers le lit de Léonard, la bouche close pour ne pas crier, les yeux ronds d'étonnement. Il… il n'aurait pas osé l'empoisonner, n'est-ce-pas ? Il n'aurait pas osé ?..
ft. Léonard De La Croix
Léonard De La Croix
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Il avait bien avancé dans les niveaux, Mario se rapprochait de plus en plus de la princesse Peach. Il était en train de faire les trois derniers tableaux du jeu. Et dire qu'il en était au trois quart lorsqu'il avait allumé la console, et là il était bientôt à la fin. Ce jeu aidait à la détente de Léonard, qui était très nerveux au moment où il avait allumé sa DS.

Des pas rapides commençaient à se faire entendre dans le couloir, et se rapprochaient de plus en plus de la porte de leur chambre. Le cœur de Léonard fit un bond dans sa poitrine, tandis que l'adolescent retenait son souffle. Il sauvegarda sa partie avant d'éteindre la console, pile poil au moment où Stern ouvrit la porte. Léonard s'immobilisa sous ses couettes qui le cachaient entièrement.
Il commençait à avoir chaud et s'empêcha de rire. C'était un rire nerveux qu'il garda secret. S'il riait maintenant, tout serait foutu. Il imaginait déjà son colocataire l'observer depuis sa position, le jugeant alors qu'il ne pouvait pas s'arrêter de rire. Il ne boirait pas son eau, ou la sentirait avant, et là ce serait mort. Ils se disputeraient à nouveau, et ce serait la merde.

Il se retourna dans son lit et sortit un œil de sa couverture pour observer le menteur qui... Avalait la bouteille, la vache ! Si Léonard avait su qu'il boirait le liquide si vite... Il n'en aurait pas mis plus, il se serait pris un coma éthylique. Et, comment dire... Léonard ne voulait pas aller jusque là. Une petite punition drôle, rien d'autre.

Son colocataire devait avoir vraiment soif, parce qu'il ne prit même pas la peine de boire et de se déchausser séparément. Léonard se mordit la lèvre inférieure, largement stressé. Il venait de cesser de boire. Il crachait la fin de la bouteille avant de l'inspecter. Le cœur de Léonard n'avait jamais eu des battements aussi rapides. Si rapides et si forts qu'il avait l'impression que tous pourraient l'entendre sans mal.

Il tenta de se calmer, mais rien n'arrangea son stress. Son colocataire ne bougeait pas. Il semblait souffrir, en vu de la grimace qui déformait légèrement son visage. Et au moment où il tourna la tête vers Léonard, il ferma les yeux, pour lui donnait l'idée qu'il continuait son sommeil. Il n'osait pas faire un geste. Il était totalement immobile, à la manière d'une statue. Or, il devait bien se réveiller à un moment, non ? Il commençait à se faire tard...

Alors, avec le jeu d'acteur d'un comédien d'Hollywood, il fit semblant d'émerger petit à petit de son "sommeil". Il fronça les sourcils - avec la lumière, normal - puis plissa les yeux qu'il leva vers Stern. Il détourna vite le regard en grommelant avant de s'asseoir lascivement, puis de s'étirer l'échine. Il se gratta l'arrière du crâne, prenant soin d'éviter son regard - ou même de lui adresser la parole.

Il posa ses pieds machinalement sur le sol et agrippa son portable. Deux messages manqués. Probablement Andrew qui voulait savoir comment ça se passait. Rien que d'y penser, il avait déjà le sourire sur la figure. Mais il se retint, toujours dans son rôle du garçon à moitié réveillé.
Il se leva finalement, le portable toujours dans sa main, et s'éloigna de son lit jusqu'à son armoire, où il retira, fatigué, son haut de pyjama qu'il jeta sur son lit. Il ouvrit les portes de l'armoire, posa son smartphone sur une des étagères, puis chercha un tee-shirt blanc uni suivi d'un pull, qu'il enfila de suite. Il ne retira cependant pas son bas - après tout, à part son pantalon de pyjama, il ne portait rien. Il se saisit alors d'un boxer, d'un jean et de chaussettes.
Le problème étant que... Il ne voulait pas sortir. Parce qu'il ne pouvait pas partir s'habiller.

Il se tourna vers son colocataire, l'air interloqué. Il était toujours immobile, comme si on venait d'arrêter la machine.
Léonard lui accorda une remarque sur un ton plus ou moins méprisant :

"Tu m'expliques pourquoi t'es bloqué, là ?"
Leopold Stern
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Il… il n'aurait pas osé l'empoisonner, n'est-ce-pas ? Il n'aurait pas osé ?..

Bien sûr qu'il n'aurait pas osé. Pourquoi aurait-il fait cela ? On n'empoisonne pas quelqu'un, même si on ne s'entend pas avec lui. Même si on ne l'aime pas. Même si on le déteste. On ne fait pas ça. Et pourtant… Leopold aurait juré voir un œil couleur émeraude dépasser de sous la couette lorsqu'il s'était tourné vers le lit de son colocataire. Il aurait juré que son réveil était un peu trop bien coordonné avec son arrivée dans la chambre pour être naturel. Mais non. Il hallucinait sûrement. Léonard était peut-être bruyant, bavard, immature, insupportable, mais il n'était pas fourbe. Il n'était sûrement pas assez intelligent pour l'être, d'ailleurs.
Mais oui, il hallucinait, il psychotait, comme d'habitude. L'eau avait eu un goût bizarre pour une raison inconnue, soit. Elle lui avait brûlé la gorge à cause du contraste de température. Léonard s'était réveillé en l'entendant entrer. Il n'y avait aucune raison de s'en faire.

Perdu dans ses pensées, il observa fixement Léonard s'étirer, se lever, ouvrir son armoire pour ensuite se déshabiller. Il ne cligna pas des yeux, ne bougea pas un cil, ne détourna pas les yeux lorsque le torse du blond se dénuda. Ce ne fut que lorsque celui-ci se fut rhabillé et qu'il l'eut invectivé peu aimablement que Leopold se rendit compte que son comportement pouvait être qualifié d'étrange, voire de dérangeant. Mais il avait beau être en tort et se poser beaucoup de questions, il n'apprécia guère le ton du blond. Il s'apprêtait d'ailleurs à lui répondre tout aussi poliment « qu'il admirait la vue, connard » quand une quinte de toux le prit et le réduit au silence.

Il se contenta donc de détourner la tête alors qu'il crachait ses poumons. Décidément, l'eau ne lui réussissait pas, aujourd'hui. Il essuya brièvement les gouttes qu'il avait précédemment crachées sur le parquet, puis il s'assit sur son matelas, les pieds toujours au sol. Il attrapa son téléphone et, tentant d'oublier ses pensées paranoïaques, répondit à deux messages et survola la conversation Messenger des Year 13 (enfin, des Year 13…  seulement des heureux et riches élus, pas la plèbe du style Cannary ou les gens chelous, genre Sekai). Il n'aurait pu dire combien de temps cela lui prit : était-ce un couple de minutes ou une demi-heure ? Peu importait. Il s'apprêtait donc à se relever pour aller se doucher, mais lorsqu'il releva la tête de son smartphone, ce qu'il vit lui coupa le souffle. Devant lui, le mur semblait avoir doublé, voire triplé de taille. Le plafond lui semblait si haut, et lui si bas !
Ses yeux s'écarquillèrent, et seul un murmure imperceptible sortit de ses lèvres tremblantes. Depuis quand ce mur était-il si grand ? Puis il détourna le regard sur la chambre pour se rassurer, pour s'assurer qu'il était bien dans la même pièce, qu'il était bien dans la B-01. Erreur. Grande erreur.

Il tourna la tête, et il vit étrangement la pièce défiler devant ses yeux. Il avait l'impression que tout allait vite, il avait l'impression que ses yeux voyaient deux fois plus vite que d'accoutumée. Et pendant que sa vision s'emballait, son cerveau n'était pas en reste. Cette fois, c'était sûr, De La Croix avait foutu un truc dans sa bouteille. Pas du poison. De l'alcool. Ce qui, pour Leopold, était à peu près la même chose.

Il se leva brusquement, et lorsque qu'il regarda ses pieds, il eut l'impression de contempler le monde d'une hauteur improbable. Pourtant, il était simplement sur ses jambes. Debout. Comme d'habitude. Tentant de se maîtriser pour ne pas céder à la panique, il ne fallait pas qu'il cède à la panique, il ne fallait pas il ne pouvait pas il n'était pas faible il n'était pas peureux il se tourna vers Léonard et celui-ci lui paraissait si proche et si loin et lorsqu'il tenta de marcher le monde trembla et les murs se tordirent autour de lui et il tendit un bras pour s'appuyer contre le mur et le mur était en fait bien trop loin de son bras alors qu'il croyait être juste à côté pourquoi il ne pouvait s'appuyer sur rien mais c'était normal après tout il ne devait s'appuyer sur rien ni personne et pourtant il avait besoin que quelqu'un le soutienne et l'empêche de sombrer il allait tomber il en était sûr il ne tenait absolument pas l'alcool et il avait besoin d'aide pitié pour ne pas sombrer et alors qu'il pensait qu'il devait étrangler cet horrible blondinet un gémissement sortit de ses lèvres et il supplia presque alors que ses pieds ne semblaient plus pouvoir le soutenir : « Léonard.. Je vais tomber je croiiiis...  »
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Léonard De La Croix
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Il fut étonné de voir que son colocataire continuait, malgré tout, à le regarder. Leopold Stern venait de s'arrêter, il fallait rebooter la machine. Heureusement, la pique de Léonard a dû le redémarrer car il réagissait enfin, sa gorge souffrant à cause de la toux procurée par l'alcool. Peut-être en avait-il trop mis... ?

Inquiet, Léonard se tourna davantage vers son colocataire, l'observant. Il resta sur place, devant l'armoire, les yeux rivés sur Stern. Il regretta instantanément son geste. Si jamais... Si jamais il en mourrait ? Il savait bien que c'était "impossible", mais une telle quantité d'alcool bue en si peu de temps... Le cœur de Léonard s'accéléra, le visage se décomposant. Stern fuyait le regard du blondinet, manifestement. Ou alors, il tentait de camoufler le fait que l'alcool passait très mal...
Léonard se mordit la lèvre inférieure et tenta de se calmer. Le plan allait bien se dérouler, ils avaient tout prévu avant qu'il passe à l'attaque. Il n'y avait pas de raison que ça tourne mal, après tout.

Finalement, l'aisance vomitive du sportif refit surface lorsqu'il attrapa son téléphone. Il ne se doutait de rien ? Parfait.
Tous les doutes du blond s'envolèrent, son cœur se calma, son inquiétude disparut.
Sous le coup de la nervosité, il lança sur son lit son pantalon, son boxer et ses chaussettes avant de retirer son pull. Au moment où il réalisa qu'il était en train d'ôter les habits qu'il venait de mettre, il se sentit extrêmement stupide avant de sentir ses oreilles rougir. Il ferma les yeux, fatigué de lui-même, inspira avant d'expirer très profondément, et ce plusieurs fois de suite.
Il enfila alors de nouveau son pull - tant qu'à faire - et reprit ses affaires propres lancées sur le matelas avant de se tourner vers Stern.

Il le vit abasourdi, presque dérangé. Il avait l'air de découvrir le monde qui se déroulait sous ses pieds. De voir la chambre sous un nouveau jour. De comprendre ce qu'il se passait... Il était, enfin, soûl. Enfin, c'était ce qu'espérait Léonard. Son sang avait du faire plusieurs tours dans son corps, prendre l'éthanol contenu dans son estomac, avant de le répandre dans son cerveau et ses muscles.

Il ne put s'empêcher de sourire. Il était content. C'était mesquin, débile, immature, puéril. Il le savait tout ça. Il s'en fichait. Il appréciait le spectacle.
C'est à cet instant qu'il se dirigea vers la porte pour la fermer à clé - au cas où Stern aurait la mauvaise idée de sortir dans cet état - et la rangea dans son armoire, entre deux pyjamas. Il avait, à présent, la responsabilité de Stern.
Cette idée le rendit à la fois euphorique et nerveux. Il l'avait sa vengeance. Andrew, qui lui avait proposé cette solution, était le meilleur. Stern était à sa merci. Ce qui se confirma lorsqu'il l'entendit l'appeler :

« Léonard.. Je vais tomber je croiiiis... »

A peine eut-il entendu ces paroles qu'il fit volte-face, voyant qu'il avait décidé de bouger, de se lever, et qu'il allait tomber.
Dans un élan de rapidité - qu'il ne se soupçonnait pas - il attrapa son colocataire juste en dessous des aisselles, le tenant fermement contre lui, évitant ainsi la terrible chute.

Il ne cachait pas son sourire, mais il ne cachait pas non plus son inquiétude. Il n'était pas costaud, il fallait qu'il l'assoit le plus vite possible avant qu'ils ne tombent tous les deux comme des merdes.

"Aide-moi à... Te poser... Sur le lit..."

Il avait du mal à placer ses mots, ses muscles étant trop occupés non pas à l'aider à parler mais à soutenir Stern.
C'est à cet instant que, sous la nervosité et l'euphorie, Léonard lâcha un rire aussi spontané que court. Il déglutit.

C'était bien beau que d'avoir réussi la première phase du plan, maintenant il fallait qu'il se montre responsable de lui.
Alors il finit par l'asseoir sur son propre lit alors qu'il s'allongea sur le dos. Il avait probablement traumatisé son corps la dernière fois qu'il l'avait soumis à la course la plus longue de sa vie car il avait l'impression que ses muscles se barraient déjà.

"Il pèse son poids..."

Il l'avait soufflé surtout pour lui-même. Il n'était pas sûr que ce soit très audible puisque c'était un murmure, mais dans tous les cas, il s'en fichait.
Il se redressa d'un coup, porta son attention sur son colocataire, puis tenta de lui faire avouer ses secrets. Ce qu'il ne lui avait pas dit. Ce qu'il n'avait pas pu lui dire vu que Léonard s'était effondré avant qu'il n'ait pu continuer.

"Dis-moi, Stern, qu'est-ce que tu caches d'autres ? Sur quoi tu me mens, encore ?"
Leopold Stern
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Leopold ferma les yeux, s'abandonnant à la chute. Léonard ne l'avait pas vu, ou bien il n'avait pas eu le temps de le rattraper, ou bien il n'en avait pas eu l'envie. Ç’aurait été compréhensible, après tout. Il sentait donc son corps basculer rapidement vers l'avant, et sa seule pensée en attendant l'impact avec le sol fut : j'espère que ça va pas faire trop mal. Heureusement, ou plutôt malheureusement, le contact brusque avec un corps interrompit sa chute libre. Il rouvrit les yeux, surpris, et se retrouva face au torse de Léonard, son corps soutenu par deux bras tremblants. Une vague de dégoût, cinq, dix, vingt fois supérieure à celle qu'il avait éprouvée le soir où il avait dû le porter le submergea soudainement, et il tenta faiblement de se débattre, le corps engourdi par l'alcool. Il préférait cent fois se heurter au sol plutôt que rester dans cette position insupportable, en contact direct avec un être vivant.

Son agitation, bien que vaine, dût toutefois compliquer la tâche du blondinet, puisque celui-ci  lui demanda du bout des lèvres de l'aider à se diriger. À défaut de l'aider, il cessa de se débattre, et les deux jeunes hommes entamèrent un court ballet au milieu de la pièce, grotesque, instable, parfaitement inconnu des concepts de grâce et d'élégance. Léonard eut un rire bref, sans joie, plus paniqué qu'autre chose, et il finit par déposer Leopold sur un des deux lits, avant de lui-même s'affaler à côté. Le châtain tenta un certain moment de conserver la position assise, désireux de conserver un quelconque point de repère, mais son centre de gravité semblait en avoir décidé autrement. Il s'étendit donc lui aussi de tout son long, aux côtés de Léonard. Sa tête ne trouva pas d'appui pour se poser, mais n'ayant pas la force de se relever, il prit le parti de garder la tête hors du lit, admirant ainsi la chambre la tête à l'envers. Il s'apprêtait à ouvrir la bouche pour dire quelque chose (il ne savait pas vraiment quoi, sûrement des insultes), mais Léonard le distança en soufflant quelques mots :

"Il pèse son poids..."

Un silence suivit. Puis un hoquet, puis un autre, et encore un autre sortirent de la gorge du châtain, avant qu'il ne se mette à rire à gorge déployée. Sérieusement ? Il droguait un type, le balançait sur son lit, tout ça pour une raison plus qu'obscure, et la première chose qu'il sortait était un commentaire désobligeant sur son poids ? Et puis franchement, il pouvait parler, le Dormeur du Val. Il croyait qu'il était un poids plume ou bien ? Leopold riait donc, la tête à l'envers, les membres engourdis, la gorge en feu et le corps tout entier empli d'une douce chaleur, sûrement due à l'alcool, quand Léonard reprit la parole, l'air grave. Le ricanement du châtain se bloqua dans sa gorge, et il tenta lui aussi de prendre un air sérieux, malgré le sourire euphorique qui traînait sur ses lèvres.

"Dis-moi, Stern, qu'est-ce que tu caches d'autres ? Sur quoi tu me mens, encore ?"

Le rire le reprit de plus belle. C'était plus fort que lui. Léonard ne faisait pas peur au châtain, il ne l'intriguait même pas, il… le faisait rire. Cette curiosité, presque malsaine vu les proportions qu'elle prenait, née d'un aveu imprévu, était drôlissime. Au moins, la question "pourquoi avait-il fait cela" avait une réponse. Et sa voix… Leopold ne pouvait s'arrêter de rire. Il tenta d'étouffer son rire avec sa main, mais cela ne fit que renforcer son hilarité.

Finalement, Leopold expira plusieurs fois, luttant contre le rire qui lui chatouillait la gorge, et se redressa assez pour établir un contact visuel avec Léonard. Il ouvrit la bouche, et se mit à parler à l'aveuglette, d'une voix pâteuse, qui butait sur les mots et en allongeait certains.

« C'est… c'est pas très précis t-t-tout ça, hmmm ? Va falloiiiir y mettre un peu du tiens, tu sssssais. » Il haussa les épaules. « Déj-j-à, comme tu peux le voir, je tiens pas vraiment l'alcool, huhuhuuuu... » 

Son début de rire s'acheva en un soupir de contentement, puis il reprit.

« Ça a-a-a beaucoup déçu mon père, à l'épooooque. Du coup, il m'obligeait à en boire à chaq-q-q-que repas qu'on passait ensembleeee. Je sais, je sais, c'tait pas franchement quelqu'un de très logique, si on y repense… Un peu comme t-t-t-oi, ajouta-t-il en pointant d'un doigt accusateur Léonard. Je n'arrivvvve toujours pas à savvvvoir si tu es très con ou bien trèèèèèèès intelligent. »

Il haussa de nouveau les épaules. « Bah. Ça n'a ssssans doute pas d'imp-p-portance. »
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Si déjà le premier rire de Stern l'avait intrigué, le second... Le rendit davantage nerveux. Il ne comprenait pas le pourquoi du comment de cette hilarité soudaine. Il en devenait presque fou, à rire sans raisons apparentes.
Léonard cligna plusieurs fois des yeux, puis se dit que ce devait être l'alcool qui faisait effet... Il déglutit. Il n'aimait pas ça. Il commençait amèrement à regretter ce geste. Et en même temps... C'était tellement satisfaisant de voir le menteur sous un jour qu'il ne pouvait pas contrôler.

Il le regardait faire un drôle d'exercice de respiration, et prit une mine surprise. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il lui prenait ? Décidément, il ne tenait pas l'alcool du tout !

Finalement, il se relevait - non sans difficulté - pour s'asseoir. Il avait l'air... Minable. Léonard ne se cachait pas qu'il appréciait la vue de ce menteur en totale roue libre, l'air perdu et affabulant.

« C'est… c'est pas très précis t-t-tout ça, hmmm ? Va falloiiiir y mettre un peu du tiens, tu sssssais.  »

Le rire vint instantanément dès la première hésitation. Léonard tentait de rester sérieux, mais le voir à ce point galérer pour trouver ses mots, et juste pour parler...
Il plaqua sa main sur sa bouche, les yeux rieurs. Il essayait vraiment de se concentrer sur le sens de ses mots, mais la formulation et l'articulation n'aidaient vraiment pas.

« Déj-j-à, comme tu peux le voir, je tiens pas vraiment l'alcool, huhuhuuuu...  »

Le rire fatigué qui terminait cette phrase finit d'achever Léonard, qui était plié sous sa propre hilarité. Il avait bien saisi qu'il avait compris le tour de main, mais la situation était bien trop drôle pour qu'il ne puisse pas mourir de rire.

« Ça a-a-a beaucoup déçu mon père, à l'épooooque. Du coup, il m'obligeait à en boire à chaq-q-q-que repas qu'on passait ensembleeee. Je sais, je sais, c'tait pas franchement quelqu'un de très logique, si on y repense… Un peu comme t-t-t-oi. Je n'arrivvvve toujours pas à savvvvoir si tu es très con ou bien trèèèèèèès intelligent. »

Voir son doigt hésiter sur qui - ou quoi - il allait montrer était des plus hilarants. Entendre de surcroît son colocataire tenter d'expliquer son passé avec son père et son obligation de boire de l'alcool... C'était si drôle, il aurait du le filmer. Malheureusement, bien que Stern soit inoffensif pour le moment, Léonard était certain qu'une fois sobre, il n'allait pas s'en tirer si joyeusement.
Il profita alors de ce moment complètement absurde.

« Bah. Ça n'a ssssans doute pas d'imp-p-portance. »

Léonard se calma finalement. Il avait toujours cet air amusé sur le visage, mais ça l'avait grandement détendu. A présent, il ne détestait plus son colocataire. Comme si les regards évités, les bonjours esquivés et l'ambiance orageuse n'avaient jamais existé. C'était un dénouement très bizarre pour Léonard. Mais cette vengeance n'aura pas été veine : à présent, Leopold pouvait le détester comme il l'entendait, Léonard s'en ficherait. Il se sentirait bien.

Il se gratta l'arrière du crâne, un peu gêné tout de même :

"Aaaah je suis désolé. Ça doit pas être drôle pour toi. Mais je crois que j'en avais besoin. Même si je sais qu'après, tu vas me défoncer."

Léonard s'étira, fatigué de ce long et fastidieux rire. Au moins, cette séance ivre l'aura rendu joyeux.
il voulut tout de même expliquer deux trois choses.
Pour commencer, il se leva pour prendre la bouteille d'eau qui avait servi pour le crime, alors qu'il resta debout, au milieu de la pièce.

"Je sais que c'est puéril. Je m'en fiche un peu. Voire beaucoup."

Il inspira, faisant tourner la bouteille dans ses mains, avant de revenir sur son lit, s'asseoir à côté de lui. Étrangement, il se sentait plus proche de son colocataire qu'il ne l'avait jamais été. Il avait l'impression que toute la tension, toute la haine qu'il a pu entretenir durant ces quelques semaines venaient de se volatiliser en l'espace de quelques secondes.

"Pour tout t'avouer, je suis même surpris que ça ait fonctionné. Je pensais vraiment pas que tu boirais... Tout. Ou presque."

Il soupira.

"Je pense que je pourrais presque laisser tomber tout ça, tu vois. J'ai pas besoin de plus."

Il leva les yeux vers Leopold, mais un air indéfinissable marqua son propre visage.

"Mais je crois que j'enragerai si tu continues encore de me mentir. Donc, euh..."

Il hésitait sérieusement à continuer, mais au point où il en était, il n'allait pas faire la fine bouche. Après tout, son colocataire était face à lui, prêt à se livrer. Alors autant en profiter, quitte à ce qu'il se fasse défoncer davantage.

"Comment ça se fait que tu sois pauvre et chez les Modestes, mais que tu portes encore l'uniforme des Élites ? Pour continuer à te faire bien voir ?"
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Leopold, trop instable lorsqu'il était assis, choisit d'appuyer ses coudes sur ses genoux pour soutenir sa tête. Ainsi, il pouvait avoir une posture plus ou moins digne lorsque Léonard lui parlait. Il entendit d'ailleurs le blondinet lui présenter de fausses excuses, le tout dans un brouillard mental et auditif aussi épais qu'une purée de pois. Leopold secoua la tête de droite à gauche, dans un signe de dénégation, et dit, presque en chuchotant :

« Tu sssais, t'es pas obligé de f-f-faire semblant d'être dé… désolé. De toute façon, et il releva la tête pour fixer Léonard en disant cela, comme t-t-u l'as diiit, je vais sûrement le te fffaire payer après. En ffffait lààà tu v-v-vois, je suis conscient de c-c-c-ce que tu-tu-tu as fait, tu vois, mais je c-c-crois que j'ai pas le réfleeeeeexe de m'énerver. C'est t-t-t-très étraaaaange à vivre. »

Le blondinet se leva, et alla chercher quelque chose, ailleurs dans la pièce. Leo en profita pour fermer les yeux, essayant de se recentrer. Ses pensées défilaient à une vitesse hallucinante dans son esprit, sautant du coq à l'âne sans aucun avertissement. Comme il l'avait dit plus tôt, il lui restait une partie saine du cerveau, qui comprenait et analysait la situation, mais qui, malgré ses appels à l'aide, n'arrivait pas à contrôler les réactions et surtout les paroles du jeune homme. Il avait l'impression que cette partie là était un mini lui-même, enfermé dans une cage de verre, et qui tambourinait en proférant des menaces de mort à l'encontre de Léonard et du monde entier, mais que personne n'écoutait.
Le reste de son corps était contrôlé par… un parfait inconnu. Il ne se reconnaissait en aucun de ses gestes, en aucune de ses paroles, en aucune de ses sensations. L'alcool le rendait indépendant de son envie de tout contrôler, laissant un garçon plus ou moins apathique, désabusé et quelque peu désespéré, sous son hilarité apparente. Pathétique. Il était pathétique. Ça, c'était les pensées du mini Leopold, et c'était aussi celles qui se démarquaient de son brouhaha de pensées. Il esquissa un sourire, à la fois triste, très triste, et fataliste. Il n'y pouvait rien. Il n'avait pas le contrôle de la situation. Il ne pouvait rien faire. S'il sortait, il se ridiculisait. S'il appelait à l'aide, on l'accuserait de boire dans sa chambre. S'il se battait contre Léonard, il perdrait, et s'il se mettait à l'ignorer, l'autre continuerait à parler. D'ailleurs, l'autre était en train de parler. Leopold tourna la tête vers lui, mais ne réussit qu'à saisir la fin de sa phrase, le regard scotché à la bouteille que le blond triturait :

"...peu. Voire beaucoup."

Aucune idée de quoi il parlait. Tant pis. Sûrement pas intéressant.

"Pour tout t'avouer, je suis même surpris que ça ait fonctionné. Je pensais vraiment pas que tu boirais... Tout. Ou presque."

Ah. Il parlait de ça. Ok. Le châtain prit quelques instants pour formuler la phrase dans son esprit, puis dit à demi-voix, essayant de maîtriser son débit : « Je… j'essaye de rien faire à moitié. Question de p-principe. »

L'autre ne l'écouta même pas, embrayant sur… oh, un truc sûrement pas important. Il avait même pas l'air sûr de lui ; dommage, pour un mec qui était supposé “gérer la situation”. Leopold ne prit la peine d'écouter que la dernière phrase, qui lui fit hausser les sourcils d'exaspération. Ah, finalement, sa personnalité n'avait pas complètement été noyée sous les grammes d'alcool. Il répondit d'ailleurs au blond d'un air assez énervé, sa voix partant dans les aigus.

« Nan, le doré me vv-v-va mieux au teint, ab-b-bruti. Sérieusement, c'est q-q-quoi votre délire, à vous tous, de poser des questions… heu, pas évident-t-tes, mais… *logiques, voilàààà… Est-ce-que je t-t-te demaaande pourquoi tu p-p-p-parles jamais des fiilles ou purquoi, exusce-moi de t-t-te le dire, tu d-d-d-eviens totalement inadadaptaté social en leur p-p-p-arlant ? Non, bah voilà, je p-p-pose pas des questions évidentes. Il faut savoir é-co-no-mi-ser ses mots.»

Leopold releva la tête après cette tirade, les yeux ronds d'étonnement. Étonnement, pour être passé naturellement de l'anglais au français dans la conversation -son esprit jugeant sûrement plus facile de s'exprimer dans sa langue préférée-, mais aussi pour le contenu de sa phrase. Ah bon, il savait pourquoi Léonard était aussi coincé avec les filles ? Il avait eu quelques doutes, de temps en temps, mais il n'avait jamais osé aller au bout de sa pensée, et encore moins l'exprimer à voix haute. L'alcool désinhibe sans doute, et fait peut-être dire un max de conneries, mais c'était très intéressant de les regarder se concrétiser, sortir sans aucun filtre. Crues. Ses paroles étaient crues. Très, très intéressant, pour quelqu'un qui n'avait jamais vécu qu'en contrôlant, tournant, enjolivant la moindre de ses paroles.

Leopold précisa précipitamment sa pensée, presque sans bégayer cette fois-ci : « Ç-ç-a va, c'est pas un crime d'être... » Il ne prononça pas le mot. Léonard n'avait qu'à compléter tout seul, s'il n'était pas trop con.

Leopold aurait pu en rester là. Il aurait pu clore la conversation, et décider que les conneries De La Croixesques n'avaient que trop duré. Mais, sans prévenir, l'hilarité folle le reprit, et ce fut entre deux ricanements qu'il ajouta, avec une absence totale de délicatesse : « Enfin… plus de nos jours. »




*paroles en français à partir de ce moment là
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« Je… j'essaye de rien faire à moitié. Question de p-principe. »

C'était si dur de contrôler son hilarité. Il fermait les yeux, essayant vainement de prendre au sérieux les paroles de son colocataire. Malheureusement, il n'y arrivait pas et laissait échapper un petit rire. Malgré lui.
Donc même en étant bourré, il était bourré jusqu'au bout ? C'était une personne qui allait au bout de ses idées, et qui assumait tout ? Léonard n'y crut pas vraiment. Un gars qui a menti sur sa propre personnalité et qui n'assumait pas ce qu'il était ne pouvait pas être responsable à ce point. Il y avait anguille sous roche.

Il continua cependant son petit discours. Après tout, cette réaction n'avançait pas la discussion. Elle contribuait juste à faire rire Léonard.

« Nan, le doré me vv-v-va mieux au teint, ab-b-bruti. Sérieusement, c'est q-q-quoi votre délire, à vous tous, de poser des questions… heu, pas évident-t-tes, mais… *logiques, voilàààà… »

Leopold avait donc le sens de l'humour une fois ivre ? Il aurait du marquer cette punchline quelque part, ou il allait l'oublier.

Il n'avait, lui-même, pas tout de suite compris qu'il enchaînait le français et l'anglais. Les deux langues se mélangeaient pour créer une sorte d'hybride qui ne gênait pas le blond. Il comprit qu'il commençait à parler dans sa langue maternelle lorsque Leopold buta sur les mots, avec cet accent typique français.
Voilà qui était bon à savoir. Une fois le sang plein d'alcool, Leopold ne savait plus dans quelle langue il devait s'exprimer.

« Est-ce-que je t-t-te demaaande pourquoi tu p-p-p-parles jamais des fiilles ou purquoi, exusce-moi de t-t-te le dire, tu d-d-d-eviens totalement inadadaptaté social en leur p-p-p-arlant ? Non, bah voilà, je p-p-pose pas des questions évidentes. Il faut savoir é-co-no-mi-ser ses mots. »

Léonard leva les yeux au ciel. Il n'y avait rien d'évident là-dedans, même Léonard ne savait pas pourquoi il était complètement inapte à avoir une discussion normale avec une fille. Il les fuyait constamment, c'était comme ça. Il avait le visage complètement rouge lorsqu'elles lui adressaient un mot, lorsqu'elles le touchaient, lorsqu'elles s'approchaient. C'était inévitable et incontrôlable.
Alors, il n'avait rien à redire là-dessus. Ce devait être psychologique, mais pourquoi ? Il n'en avait aucune idée.

« Ç-ç-a va, c'est pas un crime d'être... »

Leopold n'avait pas eu besoin de finir cette phrase. Léonard s'était déjà crispé. Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non...

"Je ne..."

Il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que le bâtard renchérissait déjà :

« Enfin… plus de nos jours. »
"... suis pas gay."

Il l'avait dit avec un tel calme et un tel contrôle qu'il en fut lui-même surpris. Lui aussi avait déjà pensé à cette éventualité, moult et moult fois. Mais jamais il n'avait éprouvé le moindre désir pour un homme, alors que ça lui avait déjà été arrivé pour une femme. C'était vrai, il avait déjà trouvé des hommes attirants, mais sans pour autant avoir envie de les mettre dans son lit ou quoique ce soit d'autre.
Et dans ses rêves, c'était bien avec une femme avec qui il était marié.

"Je ne suis pas gay, est-ce clair ?"

En soit, il ne voyait pas où était le problème dans le fait d'être homosexuel. Lui-même tolérait cette préférence, voire l'encourageait ! Alors pourquoi une telle réaction, pourquoi avoir était aussi sec et catégorique ?
Il leva les yeux au ciel. Une seconde fois.

"Et puis, ça n'a rien à faire là-dedans, mon problème avec..."

Il s'arrêta deux minutes. Il savait que ses réactions n'étaient pas des plus discrètes, mais il fallait le regarder pour apercevoir ces changements radicaux de comportements. Et puisqu'il évitait les filles, on ne pouvait pas dire qu'il les préférait aux garçons. En vérité, il y a plus d'adolescents qui trainent avec des adolescents que des adolescentes. On se retrouve entre genre, quoi de plus normal et rien d'inquiétant.

Il soupira, puis regarda dans les yeux Leopold :

"Mais au cas où je ne suis pas convainquant, sache que tu ne m'attires pas du tout."

Cette affirmation était plus ou moins fausse, il avait déjà avoué qu'il trouvait que Leopold avait un beau visage, mais rien de plus, rien de moins.
Il balaya cette conversation d'un revers de la main, soudainement moins apte à rire de la situation.
Il. N'était. Pas. Gay.
C'était bien une chose qu'il savait sur lui-même.

"Bref, dans tous les cas, c'est pas le sujet. Pourquoi tu ne veux pas assumer être un Modeste ? C'est pas la mort, tu sais. Y'en a même beaucoup plus que des Élites."

Sans doute tentait-il de sauver les apparences... Mais quelles apparences ? Il n'était pas gay ! Point !
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La négation beaucoup trop rapide du blond ne fit qu'accentuer l'hilarité du châtain. Alors, comme ça, il avait vu juste ? Et en plus Léonard, n'assumait même pas ? Décidément, cette expérience -aussi désagréable soit-elle- était très instructive. D'ailleurs, pendant quelques instants, les positions semblèrent s'inverser ; Léonard était gêné, levait les yeux, ne savait pas où se mettre, et Leopold ricanait, les yeux plissés et les épaules secouées par un rire irrépressible. Oh, bordel que c'était drôle de voir Léonard perdre le contrôle de ses conneries. C'était jouissif, même.

Leopold secoua sa tête et soupira bruyamment plusieurs fois, reprenant ainsi le contrôle de sa respiration et de son hilarité. Lorsqu'il redressa la tête, il n'affichait plus qu'un sourire éclatant, digne d'une pub pour dentifrice, et observait avec grande attention les mimiques du blond, qui souhaitait s'exprimer mais n'y arrivait pas.
Il le devinait passer sa langue sur son palais, retourner encore et encore les mots dans son esprit, hésiter, se décider, renoncer. La moindre de ses respirations, ses battements plus ou moins précipités de cils, son regard vert papillonnant, Leopold percevait maintenant tout cela, et se réjouissait de cette acuité développée. D'ailleurs, cette gêne, cette incompréhension qu'il y lisait ne faisait qu'accentuer l'intérêt de Leopold pour les yeux du blond, et il remercia mille fois le ciel lorsque Léonard reprit la parole, l'empêchant de s'abîmer dans la contemplation de ces yeux hypnotiques.

"Mais au cas où je ne suis pas convainquant, sache que tu ne m'attires pas du tout."

Dès qu'il eut assimilé le sens de la phrase, Leopold détourna le regard, baissa la tête, se cacha les yeux avec ses mains et se remit à rire.
Bruyamment.
Franchement.
Follement.
Oui, Léonard le faisait follement rire, avec ses arguments à la noix et ses plans à la con, avec ses hésitations et son regard perdu de pauvre petit lapin. Raaaaaaah, bordel qu'il est drôle ce gosse.

Entre deux hoquets, Leopold lui répondit, avec la voix la plus calme qu'il put, malgré quelques irrépressibles montées dans les aigus.

« T-t-tu sais, j'ai -p-p-passé l'âge de croiiire que le m-m-monde tournait au-t-t-our de m-m-moi et q-que t-t-outes les filles, ou les mecs t-t-t-ant qu'à ffffaire, voulaient m'ép-p-pouser. J'suis p-p-pas leur putain de p-p-prince charmant. Et c'est t-t-tant mieux p-p-p-our toi p-p-arce que je ne suis p-pas intéressé n-n-non plus. Ça tombe b-b-bien hein ? »

Leopold déglutit et sentit ses épaules s'affaisser, soudainement épuisé. Parler lui demandait vraiment beaucoup d'efforts de concentration, et la discussion qu'il avait avec… C'était quoi son nom déjà ? Bref, l'autre là, la discussion qu'ils avaient n'était pas des plus logiques ni même des plus simples. Et l'autre abruti qui parlait encore, espérant changer de sujet… Sérieusement, ils ne pouvaient pas en rester là ? Il était gay, Leopold non. Point. Eh bien non, visiblement, il fallait encore parler de fric et de réputation.

"Bref, dans tous les cas, c'est pas le sujet. Pourquoi tu ne veux pas assumer être un Modeste ? C'est pas la mort, tu sais. Y'en a même beaucoup plus que des Élites."

Leopold soupira, et sans même regarder son interlocuteur, lui répondit d'une voix lasse, qui laissait toutefois poindre une touche d'agacement :

« C'est justement p-p-parce que t-t-tout le monddde l'est qu'il n-ne-ne faut pas l'être, tu comp-p-p-prends ? C'est p-p-parce qu'il y a d-d-des pauvres qu'il faut être riche. C'est p-p-parce qu'il y a des pigeons qu'il faut êtreee banquier. C'est p-p-parce qu'il y-a-a des moutons qu'il faut faire de la p-p-politique. Je… je suis fffait, je suis né p-p-pour ça. Pour être au dessus, tu comprends ? C'est co-co-comme ça. Il en faut. En haut et bas. Et mmmoi je serai en haut. Point. » Il s'interrompit, l'air grave. Son rire s'était évanoui, son sourire moqueur avait disparu. Il ne restait plus que lui et son air apathique, un poil méprisant. Il garda le silence pendant quelques instants, et, une fois qu'il eut mobilisé toutes les forces qu'il lui restait pour se relever, il demanda à Léonard, en plantant son regard dans le sien :

« La vraie question, mmmmaintenant, c'est de savoir où-où-où est-c'que toi, tu te situ-tues ? »



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Léonard fut d'abord surpris par cette soudaine hilarité, puis fut vexé avant de finalement être en colère. Il ne le croyait pas ? N'était-il pas convaincant ? Qu'est-ce qui était si drôle ?
Léonard avait très envie de lui foutre une grosse baffe. Il n'était pas gay, merde ! Il s'était déjà suffisamment posé la question pour en être certain ! Alors pourquoi se moquait-il de lui ?

Il leva les yeux au ciel lorsque son colocataire s'expliqua également. Tant mieux, ni l'un ni l'autre ne se plaisait ni était gay. Génial. Léonard s'en réjouissait d'avance.

Heureusement pour Leopold - qui était à deux doigts de s'en prendre une - il réussit à se calmer. Léonard inspira, observant son colocataire reprendre son souffle. Il comprenait que cette situation n'était pas des plus banales, mais quand même, un peu de sérieux.
Certes, Léonard n'était pas exempt de tous défauts et de toutes erreurs, et n'était pas non plus un exemple à suivre, mais quand même ! On parlait de quelque chose d'assez sérieux, merde !

« C'est justement p-p-parce que t-t-tout le monddde l'est qu'il n-ne-ne faut pas l'être, tu comp-p-p-prends ? C'est p-p-parce qu'il y a d-d-des pauvres qu'il faut être riche. C'est p-p-parce qu'il y a des pigeons qu'il faut êtreee banquier. C'est p-p-parce qu'il y-a-a des moutons qu'il faut faire de la p-p-politique. Je… je suis fffait, je suis né p-p-pour ça. Pour être au dessus, tu comprends ? C'est co-co-comme ça. Il en faut. En haut et bas. Et mmmoi je serai en haut. Point. »

Il sentait bien que son colocataire en avait marre. Ca s'entendait au son de sa voix. Mais Léonard n'avait pas atteint son but final, il fallait qu'il le fasse parler, qu'il se ridiculise. Qu'il paye pour ses mensonges qui sont allés trop loin.
Et c'était avec cette révélation que Léonard comprit quelque chose : Leopold était un connard fini. Un menteur, qui pense qu'aux riches, qui veut écraser les plus démunis et les laisser dans leur merde.
Quel enculé.
Heureusement que son hilarité est passée, parce qu'il était bien reparti pour lui en foutre une, et une qui laissera une marque rouge pendant une semaine complète.

Cependant, il se détendit. Après tout, c'était lui qui l'avait forcé à boire. Il n'était pas parfait, et était en train de le manipuler grâce à l'alcool. Comme quoi...

Lorsqu'il encra son regard dans celui du blond, Léonard fut déstabilisé un court instant. Leopold arrivait à se concentrer sur quelque chose en étant ivre ? Cela forçait le respect.
Cependant, il sentit son estomac se nouer lorsqu'il dit :

« La vraie question, mmmmaintenant, c'est de savoir où-où-où est-c'que toi, tu te situ-tues ? »

Léonard ne comprit pas sa question. Parlait-il de son statut social ou revenait-il sur son orientation sexuelle ? Si c'était la deuxième option, là il deviendrait violent. Quoique, ça lui donnerait raison, et à tort... Il fallait qu'il se contrôle, pour une fois.
Alors il prit parti de prendre la première option : le statut social.

Tout en continuant de fixer Leopold dans les yeux, il lui répondit :

"Je ne suis pas un connard. Si je gagne de l'argent, ça ira en priorité pour mes besoins, puis pour ceux que j'aime comme ma famille et mes amis, et enfin le reste, si je peux, je le donne à des associations. Je pense pas être un enfant de choeur, mais je laisserai pas les gens dans la merde."

Tout ce qu'il disait laissait sous-entendre que Leopold, lui, les laisserait se démerder avec leur problème. C'était un de ces fameux égoïstes, avides d'argent et de pouvoir, profitant de leur statut social pour se faire des relations et se dorer la pilule dans un pays chaud et exotique tout en oubliant ceux qui vivent dans la crasse et la pauvreté. Quel bâtard. Pourquoi partageait-il sa chambre avec un connard pareil ? Qu'avait-il fait pour mériter un gars assez con pour "secourir" son colocataire dans la chapelle et assez crevard pour penser d'une façon aussi égocentrique ?

Il ne quitta pas les yeux de Leopold, continuant sur sa lancée, l'air aussi grave que le sportif :

"Si t'as envie de faire partie des gens qui préfèrent laisser les minorités dans la merde en pensant que toi, t'es au chaud dans ton fauteuil en cuir et entouré de garde : tant mieux pour toi. Moi je ferai pas partie de cette catégorie de connard égocentrique qui pensent que le monde tourne autour d'eux."

Il esquissa un sourire.

"Pour un gars qui disait l'inverse il y a deux secondes, t'es pas très logique."

A moins que ce soit lui qui se soit trompé. Mais de ce qu'il connaissait de cet enfoiré, c'était rien de bon. Au moins, ce gage aura servi à quelque chose plus qu'à faire culpabiliser Léonard. Et c'était une chose dont, à présent, il serait fier : il avait levé le voile sur Leopold Stern.
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Dès que le blond ouvrit la bouche, il sut ce qui allait en sortir. C'était évident. Il avait l'air décidé de la personne qui souhaite prouver à tout prix qu'il a raison, que ses idéaux sont les meilleurs et que la personne en face n'est qu'un sombre connard. C'est grâce à cette prévisibilité que Leopold ne broncha pas durant le monologue bien pensant -et accusateur- de son cadet. Lorsque l'autre eut fini, il se contenta simplement de hausser les sourcils, narquois, et de hausser les épaules, fataliste, avant de lui répondre.

« Alors, c'est à çççça qu-que tu veux j-j-j-jouer ? Le méchant capitaliste cont-t-tre le gentil socialiste ? Ouuuh le v-v-vilain de droite, il veut sauvver sa peau ssssans s’intéresser au cul des aut-t-tres, oouuuuhhhh qu-qu-qu'il est mééééchaaaaaant, singea Leopold d'un ton enfantin, l'air faussement effrayé. Ouuuhhhh, c'est MMMMAL. Tu sssais quoi ? T-t-t-t'as tellement raisooon, c-c-c'est à se demander pourqu-quoi j'y av-vais pas p-p-pensé plus t-t-tôt. »

Il conclut sa réponse par une quinte de toux terrible, qui raviva le brasier tapi dans sa gorge, dans ses poumons, dans ses veines, dans sa tête. Son corps entier était en feu, et pourtant il sentit des gouttes glacées dévaler sa colonne vertébrale, raidissant de tension son corps épuisé par l'alcool et sa course. Il essaya tant bien que mal de garder une certaine contenance, soutenant sans broncher le regard accusateur -et très certainement réjoui de le voir en si mauvaise posture- du blond. Il était en position de faiblesse, et sa position debout, qui aurait dû lui conférer une certaine prestance, démontrant sa capacité à contrôler son corps le desservait énormément. Malgré ses efforts pour rester stable, il sentait son corps tanguer d'avant en arrière, menaçant de chuter à chaque instant. Le châtain se servait de ses bras comme de grotesques balanciers, se donnant ainsi l'air d'un épouvantail soumis au gré du vent. Un épouvantail, une poupée de chiffon, voilà ce qu'il était entre les griffes de ce connard, de ce gamin irresponsable.

Et sa tête qui n'arrêtait pas de cogner, et ses yeux de dériver, et ses pensées de s'emmêler alors que le blond continuait de lui asséner sa bonne parole...

"Si t'as envie de faire partie des gens qui préfèrent laisser les minorités dans la merde en pensant que toi, t'es au chaud dans ton fauteuil en cuir et entouré de garde : tant mieux pour toi. Moi je ferai pas partie de cette catégorie de connard égocentrique qui pensent que le monde tourne autour d'eux. Pour un gars qui disait l'inverse il y a deux secondes, t'es pas très logique."

Et il se permettait même de sourire, l'enfoiré. Bien sûr hein, c'était plus simple de faire le malin quand on savait qu'on ne craignait rien, quand on savait que l'autre était incapable de se défendre verbalement, physiquement, que l'autre était incapable de sortir sans se compromettre. Tout était plus facile, hein ?

Leopold déglutit, inspira, s'humecta les lèvres et regretta lorsqu'il sentit le goût amer dont elles étaient empreintes. Il ouvrit la bouche, et, balayant l'air de sa main comme s'il effaçait les propos de l'autre, il articula avec encore plus de difficultés qu'auparavant :

« T-tu ssais quoi ? T-t-t'as raison. Vas-y, p-p-pense c'qu-que tu veux. J'ai p-pas envie de cont-t-t-tinuer ce débat inut-t-tile, p-p-parce que je ssssais qu-qu-que tu ne me laisseraaaas jamai-mais parler. P-p-p-parce qu'au f-f-fond, tu t-t-t-en fous de ce que JE p-pense, tu-tu veux juste v-v-v-vérifier que tes-tes petites opinions à t-t-t-toi sont p-p-plu-plus just-t-t-tes que les miennes. Et b-b-bien voilà, je l'ad-d-dmets, t'as raison. T'es cont-t-tent mainte... »

Sa réplique fut interrompue par la sonnerie de son téléphone, qui le fit sursauter tant il ne s'y attendait pas. Il détourna brusquement la tête et, laissant en plan le blond (dont il n'arrivait toujours pas à retrouver le prénom…), il marcha d'un pas rapide -trop rapide pour ses jambes engourdies, qui se cognèrent dans absolument tout ce qui se trouvait dans leur chemin- jusqu'à son lit, et il se laissa tomber dessus mollement. Il tendit un bras tremblant vers son portable, et dût s'y reprendre à trois fois pour déchiffrer le nom qui s'affichait sur son écran. Sa mère. Bordel.

Quelle pauvre conne. Il ne savait pas vraiment s'il l'avait dit ou pensé, et de toute façon, il s'en fichait. Il appuya rageusement sur le téléphone rouge, coupant la sonnerie de son i-Phone, libérant ainsi ses oreilles de cette ritournelle entêtante. Il passa lentement sa main fraîche sur son front, sur ses paupières, avant de la laisser retomber sur son matelas. Il inspira, expira, et, d'une voix plus faible et plus posée qu'auparavant, il s'adressa au blond, sans toutefois oser rechercher son regard.

« T-t-tu v-v-vois, toi et e-e-e-elle, dit-il sans se soucier du fait que le blond ne comprendrait pas forcément tout, vou-vous êt-t-tes pareils. V-v-v-vous pensez que “t-t-tout v-va p-p-p-our le mieux d-dan-dans le meilleur d-des mondes”, qu'avec de la b-b-b-bonne volont-t-té on peut t-t-t-tout f-f-faire, t-t-tout pardo-donner, tout partager et tout ç-ç-ç-ça. V-vous êtes des rêveurs, des put-t-t-tain d'idéalistes… M-m-mais il en faut q-q-qui mènent la ba-ba-barque, qui restent droits, qui aient le ssssssens des réalités… », termina-t-il, une pointe de désespoir dans la voix. Il fallait qu'il y en ait qui restent sérieux, non ? Qu'il y en ait qui contrôlent tout… Sinon tout partait à vau-l'au, sinon… on laissait enfin agir nos envies primaires ; et cette idée le terrifiait au plus haut point.


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Une vengeance regrettable...
Il observa celui qu'il était en train de torturer tenter de continuer la conversation. Manifestement, il avait beaucoup de mal à articuler sa pensée, combien même Léonard était persuadé qu'elle était, de toute façon, mauvaise. Après tout, puisqu'il savait désormais que c'était un connard fini, il n'allait pas le plaindre. Il commençait même à se dire que remplacer l'eau par de l'alcool était la meilleure idée qu'il avait eue.

« T-tu ssais quoi ? T-t-t'as raison. Vas-y, p-p-pense c'qu-que tu veux. J'ai p-pas envie de cont-t-t-tinuer ce débat inut-t-tile, p-p-parce que je ssssais qu-qu-que tu ne me laisseraaaas jamai-mais parler. P-p-p-parce qu'au f-f-fond, tu t-t-t-en fous de ce que JE p-pense, tu-tu veux juste v-v-v-vérifier que tes-tes petites opinions à t-t-t-toi sont p-p-plu-plus just-t-t-tes que les miennes. Et b-b-bien voilà, je l'ad-d-dmets, t'as raison. T'es cont-t-tent mainte...  »

Premièrement : il le laissait parler, c'était d'ailleurs le but de tout ça, mais puisque ses capacités cognitives étaient altérées par l'éthanol, il ne releva pas. Il ne pouvait pas le blâmer de tout non plus, combien même il en avait extrêmement envie.
Secondement : il se fichait pas mal d'avoir raison ou tort. Il voulait juste vérifier avec qui il partageait sa chambre depuis plusieurs semaines. Ce gars supposé sympa et ouvert, en vérité étroit d'esprit et égoïste voire égocentrique.
Troisièmement : il ne se fichait pas de ce que son colocataire pensait, bien au contraire. Plus il savait ce qu'il pensait, mieux il se portait.
Quatrièmement : cette sonnerie avait mal choisi son moment pour se faire remarquer.

Léonard balança sa tête en arrière, mentalement fatigué par cette discussion. Si parler était compliqué pour Leopold Stern, comprendre ce qu'il disait n'était pas plus évident pour Léonard de la Croix. Entre les consonnes et voyelles qui s'entrechoquaient ou se répétaient, les langues qui se mélangeaient : il avait un melting pot de la conversation. Un vrai travail de décorticage de la parole.

Il le laissa alors galérer jusqu'à son lit personnel tandis que Léonard observait l'extérieur à travers la fenêtre, puis se souvint qu'il était habillé en haut, mais toujours pas en bas. Il aurait du "se lever" avant qu'il entre dans la chambre pour avaler la bouteille d'eau entière.
Il s'aperçut qu'un point lumineux rouge clignotait également sur son portable. Probablement son meilleur ami qui se demandait comment la mission se passait. Il entreprit de lui répondre plus tard : il avait plus important à faire.

Il posa alors son regard sur Leopold, allongé sur le lit, totalement mou. Léonard leva les yeux au ciel. Ce n'était plus "ne pas tenir l'alcool", ça. C'était "être fatigué par l'alcool".

Il restait planté au centre de la pièce, à observer ce qu'était Leopold Stern ivre. Manifestement, c'était un phoque échoué sur un lit de sable mouillé, qui battait, las, de la nageoire pour tenter de s'en sortir, mais cela le fatiguait plus qu'il ne l'en sortait de cette situation problématique.

« T-t-tu v-v-vois, toi et e-e-e-elle, vou-vous êt-t-tes pareils. V-v-v-vous pensez que “t-t-tout v-va p-p-p-our le mieux d-dan-dans le meilleur d-des mondes”, qu'avec de la b-b-b-bonne volont-t-té on peut t-t-t-tout f-f-faire, t-t-tout pardo-donner, tout partager et tout ç-ç-ç-ça. V-vous êtes des rêveurs, des put-t-t-tain d'idéalistes… M-m-mais il en faut q-q-qui mènent la ba-ba-barque, qui restent droits, qui aient le ssssssens des réalités…  »

Léonard expira longuement et bruyamment par le nez. Il ne demanda pas qui était ce "elle". Inutile, il supposait que ce devait être quelqu'un qu'il connaissait suffisamment pour la mentionner. Et probablement la personne qui venait de l'appeler.
Ensuite, ceux qui restent droits dans son histoire, c'est uniquement l'allure. Dans le fond, ils n'ont jamais été droits, ou alors rarement.

Léonard se passa lourdement sa main sur son visage. C'était que cette conversation l'épuisait bien plus qu'il ne l'avait prévu. Autant, il y avait quelques minutes, il était parti dans un fou rire, autant à cet instant, il aurait voulu se replonger dans ses draps.
Décidément, chaque conversation qu'il avait avec son colocataire lui donnait l'envie de dormir.

Il s'avança, et s'assit à côté de lui. Si lui pensait que Léonard était un "putain d'idéaliste" alors que Léonard pensait que Leopold était "un connard égocentrique", la discussion n'allait plus nulle part. Ce fut le choc de deux visions diamétralement opposées.
Finalement, Léonard décida, pour une fois, de mettre de côté sa colère contre "ce connard égocentrique" de côté pour rester le plus neutre possible.

" Je suis pas con à cent pourcent, rassure-toi. Je sais bien qu'il faut "des gens droits" et avec les pieds sur terre pour continuer à faire tourner le monde. Pareil, il faut des "putains d'idéalistes" pour rêver un peu. "

Après tout, du point de vue de Leopold, Léonard était un connard égocentrique : il avait volontairement ajouté de la vodka dans son eau pour son propre plaisir personnel. Il n'avait donc pas de leçons à donner à Leopold.

Léonard se dit qu'il avait peut-être des allures d'ange avec ses cheveux blonds et sa peau pâle, mais jusqu'à présent, rien ne montrait qu'il en était vraiment un.

" On est juste... Tous très cons. Mais de différentes manières. "

Il soupira et se laissa retomber en arrière. Lui qui voulait, justement, punir son colocataire, il avait l'impression que c'était l'inverse. "Karma is a bitch", comme certains disent. Et puis, le blondinet n'avait les choses en main que lorsque cela ne concernait pas directement une personne, mais plutôt des actes. Il était un expert dans le foutage de merde matériel, mais était amateur en bordel psychologique.

" Oh, et je ne pardonne pas tout, je ne partage pas tout, et je suis loin de penser qu'on est gouverné par des gens honnêtes et généreux. Juste... "

Il expira. Il  n'avait rien d'autre à dire, en réalité. A part peut-être... Non. Il n'y avait rien à dire, en réalité.
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C'est un Leopold désespéré, tendu, au diapason de la rupture, qui vit son colocataire s'installer près de lui. Il ne fit aucun geste pour l'en empêcher ; au contraire, il admira avec une jalousie triste le déplacement fluide du jeune homme, qui, à défaut de se déplacer gracieusement, n'avait pas la démarche saccadée -et absolument dangereuse pour son intégrité physique- de Leopold. Cela suffisait à son esprit embrumé pour y voir une agilité hors du commun, un don certain pour la danse de haut niveau. Il faudrait qu'il lui demande s'il avait fait de la danse classique, plus tard.
Un jour.
Peut-être.
Est-ce-que c'était homophobe de penser qu'il avait peut-être fait de la danse après s'être assuré qu'il était gay ? Est-ce-que cela voulait dire qu'on était homophobe si on se posait la question ?

Ça y était, son esprit recommençait à gamberger. Insupportable. Heureusement, ou malheureusement, le danseur étoile, l'air moins assuré qu'auparavant, reprit la parole.

"Je suis pas con à cent pourcent, rassure-toi."

Ah non ? Étonnant. On en apprend tous les jours, pensa Leopold, narquois.

« Oh, ne t-t-t'en fais pas, je suis trèèèèèèèès rrrrassurré, Lé-o-nard. » Génial. J'arrive encore à faire de l'humour dans mon état. Tout n'est pas perdu. Je deviendrai saltimbanque et j'irai faire rire les foules. Il avait soufflé ce nom plus qu'il ne l'avait dit, et cela le fit sourire. Il avait retrouvé son prénom. Il s'en était souvenu, enfin ! Lui qui gardait le plus d'informations en mémoire, quitte à en devenir parano, il n'avait pas supporté d'oublier, ne serait-ce que quelques instants le nom de son interlocuteur. Lé-o-nard. Ça rimait avec pas mal d'insultes françaises plutôt sympathiques. Connard. Bâtard. Tocard. Salopard.

Décidément, ce nom lui allait comme un gant.

"Je sais bien qu'il faut "des gens droits" et avec les pieds sur terre pour continuer à faire tourner le monde. Pareil, il faut des "putains d'idéalistes" pour rêver un peu."

Oh, pitié... Le blond lui sortait le couplet sur la nécessité d'avoir des rêveurs dans une société. Mais à l'aide, quoi. Il n'y avait PAS besoin de rêveurs. Ils n'étaient pas indispensables, au contraire. Il fallait des gens droits dans leurs bottes pour conserver un semblant d'ordre, pas des idéalistes pleurnichards qui ne changeaient jamais rien, de toute façon.

Leopold secoua la tête négativement, les yeux fermés, comme pour renier l'existence même de Léonard, comme pour lui signifier l'insignifiance de ses propos. Il avait tort, c'était certain ; il ne savait pas de quoi il parlait, c'était fortement envisageable.

Mais, malgré son entêtement, son endoctrinement qui lui pourrissait le cerveau depuis des années, comme un champignon se serait attaqué à une culture saine, les paroles de Léonard résonnèrent en lui.

S'il n'y avait pas besoin de rêveurs, pourquoi aimait-il tant la poésie ? Pourquoi la lecture était-elle la seule activité dans laquelle il se sentait honnête, dans laquelle il se reconnaissait, lui qui ne se connaissait pas ? Pourquoi était-ce la seule chose, avec le français, qu'il ait jamais partagé avec sa mère ? Pourquoi était-ce aujourd'hui la seule chose qui le rendait un tant soit peu heureux ?

Il rouvrit les yeux, brusquement. Un mot lui revint. Un mot plein de douceur dans la voix de deux femmes, plein de mépris dans la voix d'un seul homme, le seul homme que Leopold ait jamais aimé. Un mot. Un seul. Sensible. Pourquoi ce mot, maintenant ?

" On est juste... Tous très cons. Mais de différentes manières. "

« P-p-parle pour t-t-toi, De La Croix, héhéhé... » répliqua faiblement Leopold, les yeux grands ouverts et un mince sourire aux lèvres.

Léonard s'étendit lui aussi sur le lit, et, sans relever, il continua.

" Oh, et je ne pardonne pas tout, je ne partage pas tout, et je suis loin de penser qu'on est gouverné par des gens honnêtes et généreux. Juste... "

Leopold roula des yeux. Bien sûr qu'ils n'étaient pas gouvernés par des gens honnêtes. Il fallait vraiment ne rien connaître à rien pour croire un seul instant que les dirigeants été animés par autre chose que par leurs ambitions personnelles.

« Juste ?.. » demanda-t-il, poussé par il ne savait quelle curiosité. Le mot lui revint. Sensible. Il se souvenait à peine à quoi cela faisait référence… ah, si. Mais pourquoi pensait-il à cela maintenant ? Pourquoi pensait-il à cette scène ? Et cet adjectif, lui servait-il à qualifier Léonard ou à se qualifier lui-même ?

« Juste, -t-t-tu espèrrrrres encorrre que ce sssssoit possible un-un-un jour ? » demanda-t-il, avant de reprendre, pensif. « Ou b-b-bien tu espères que les-les gens puissent ch-ch-ch-changg-g-er ? Enffffin, sssssi c'était-tait le cas, tu nnnnn'aurais pas foutu-tu je ne sais q-q-quoi dans ma b-b-bouteille, j'imagiiiine. »


*paroles toujours en français
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Il savait que sa phrase allait susciter la curiosité de son colocataire, mais au fond, rien ne lui venait en tête. Il n'y avait rien pour compléter cette phrase orpheline.

« Juste ?..  »

Il soupira.
Juste, juste... Juste quoi ? Juste, un monde où tout le monde était honnête serait réel ? Non, bien sûr que non, un monde comme ça ne pourra jamais exister. Les mensonges ont tout de même certains avantages, combien même Léonard les haïssait du plus profond de son âme.
Alors juste quoi ?

« Juste, -t-t-tu espèrrrrres encorrre que ce sssssoit possible un-un-un jour ?  »

Léonard se releva sur ses coudes, regardant Leopold avec un drôle d'air. Il ne voyait pas ce que son colocataire pouvait bien insinuer par là.
Possible de quoi ? D'un monde dirigé par des gens honnêtes et généreux ? Il n'était pas si idiot, il y avait du "bon" dans tout ça, il en était sûr. Sinon, les politiques ne mentiraient pas autant.

« Ou b-b-bien tu espères que les-les gens puissent ch-ch-ch-changg-g-er ? Enffffin, sssssi c'était-tait le cas, tu nnnnn'aurais pas foutu-tu je ne sais q-q-quoi dans ma b-b-bouteille, j'imagiiiine.  »

Ils devaient vraiment discuter de ça, il imaginait. Mais il n'avait pas envie d'expliquer en long, en large et en travers le pourquoi du comment Leopold était ivre. Surtout que c'était par simple plaisir pervers personnel. Bon, en réalité, c'était plus complexe que ça, mais on pouvait le résumer de cette façon.
Alors il avoua simplement :

" Désolé, t'as été victime d'un défi. "

Basique, simple, compréhensible par n'importe qui connaissait un minimum Léonard. Leopold pouvait reporter la faute sur Andrew s'il le souhaitait, mais Léonard aurait tout simplement pu refuser de le faire, par simple acquis de conscience. Or, il avait accepté d'aller jusqu'au bout de ce plan foireux.

" Et tu sais que je recule devant rien quand il s'agit d'un défi. "

Il l'avait expliqué, mais vu l'état d'ébriété dans lequel était son colocataire, il ne doutait pas de l'utilité cette explication. Surtout après qu'il l'ait vu marcher. On aurait dit un bébé tortue qui venait de naître, et qui se débattait avec le sol pour avancer convenablement. C'était à la fois hilarant et triste.

" Et juste... Juste, je sais pas. Je sais bien que ce sera jamais possible un monde avec que des gens honnêtes et généreux, mais qu'il y en ait un peu plus, ce serait pas plus mal. Mais bon, c'est clair que j'idéalise un max, là. "
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" Désolé, t'as été victime d'un défi. "

C'était donc ça.
Ça n'étonnait pas franchement Leopold. Ce n'était pas le genre de Léonard de faire ça sans raison. Enfin, il ne croyait pas. En fait, il ne savait pas tout à fait ce qui était le genre de Léonard et ce qui ne l'était pas. Peu importait. Il avait eu une explication, et, aussi infondée et puérile était-elle, c'était une explication.

" Et tu sais que je recule devant rien quand il s'agit d'un défi. "

« Oh, ça... » se contenta-t-il de répondre, mi-souriant, mi-consterné. Il s'était mis dans une merde noire par sa faute quelques semaines auparavant, en allant le récupérer dans la chapelle souterraine, et même sans évoquer cet incident, cela faisait quelques mois qu'il supportait ses escapades et son engouement insupportablement futile pour ces défis.

" Et juste... Juste, je sais pas. Je sais bien que ce sera jamais possible un monde avec que des gens honnêtes et généreux, mais qu'il y en ait un peu plus, ce serait pas plus mal. Mais bon, c'est clair que j'idéalise un max, là. "

Leopold garda le silence, les yeux dans le vide. Il ne savait pas vraiment quoi dire. Peut-être que ça serait mieux. Peut-être pas. En tout cas, il savait bien qu'il ne ferait pas partie de ces gens-là, alors… Pourquoi aurait-il à se sentir concerné ?

Il ne savait pas.
Il ne savait rien.
Il n'avait pas envie d'y penser.
Et ce type était beaucoup trop près de lui.
Était-il réellement obligé de s'asseoir sur son lit ?
Il n'avait qu'à tendre le bras pour le toucher et inversement…. Berk.
Et ce mal de tête qui ne faisait qu'empirer…
Et cette sonnerie qui lui vrillait les tympans et l'empêchait de se concentrer sur ses pensées…

Cette sonnerie ? Quoi ?

Son téléphone avait effectivement recommencé à sonner. Il reprit son téléphone entre ses mains tremblantes et malhabiles et se redressa plus vite qu'il ne l'aurait cru possible, son corps se balançant dangereusement d'avant en arrière. Alors qu'il appuyait cette fois-ci sur le téléphone vert, des flashs blancs envahirent sa vision, lui offrant une vision contrastée à l'extrême de la chambre, et lui retournant de façon alarmante l'estomac. Oh, merde.

Il amena sans grande énergie le téléphone jusqu'à son oreille, et se laissa glisser au pied du lit, les genoux contre le torse, comme lorsqu'il était enfant. Il était sans doute ridicule, mais il n'en avait sincèrement plus rien à faire. Au moins, il avait chaud et moins mal au ventre.

« Allôôôô ? Je-je ssssuis occu-ccuppé- » commença-t-il d'une voix pâteuse, fatiguée, presque plaignante. Oh putain, faites que ce ne soit pas ma...

« Leopold Jean Werner Stern. Je suis ta mère, et je suis très énervée par ton comportement. Je sais que nous traversons une période… compliquée, mais j'aimerais que tu... »

Il laissa son bras retomber au sol, tandis qu'il entendait les récriminations de sa mère sortir sans interruption du combiné. Ses mots, anglais ou français, il ne savait pas trop, se mélangeaient pour former une chanson entêtante sans queue ni tête, tandis que des frissons glacés le parcouraient des pieds à la tête et que son champ de vision semblait se rétrécir de seconde en seconde. Oh pitié, il n'allait pas s'évanouir maintenant… Il ne pouvait pas faire ça… Il… ne… pouvait… pas.

Sans même se donner la peine de raccrocher (de toute façon, il se sentait parfaitement incapable de relever le bras et de tourner la tête pour regarder l'écran) et oubliant partiellement la présence de son colocataire dans la pièce, il ferma les yeux et se recroquevilla sur lui-même, contenant au plus profond de lui-même toute sa peur de s'évanouir, de vomir et de voir sa mère débarquer d'un instant à l'autre pour l'engueuler alors qu'il agoniserait lentement à ses pieds, sans aucune excuse valable à lui présenter.
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Il ne releva pas. Leopold était calme, c'était bizarre. Léonard avait l'impression de voguer avec lui dans une mer sans tempêtes, sans vagues menaçantes. On aurait dit un moment de flottement, où aucun des deux ne parlaient. C'était presque relaxant.
Il se demanda si c'était le moment d'attraper son téléphone pour dire à Andrew que pour l'instant, il se sentait gagnant. Qu'il avait réussi son coup, à rendre Leopold ivre et à le faire parler. Mais le portable du colocataire résonna avant, ce qui fit sursauter Léonard. Il regarda le téléphone de Leopold avec de gros yeux, comme si c'était la police et qu'elle recherchait le blondinet. Surtout que, du côté du sportif, tout baignait. Il ne réagissait juste pas à l'appel.
Léonard ne cessa de poser son regard sur le portable en train de vibrer et sur Leopold en pleine introspection ou méditation.

Finalement, il se mit à entendre son téléphone et à décrocher. Léonard ne comprit pas pourquoi il avait décidé de se lever - et vu comment il s'était mis à tanguer, le cavalier s'était redressé sur les mains au cas où il devait le réceptionner. Heureusement, Léonard n'avait pas à l'empêcher de tomber. Leopold se géra tout seul, comme un grand garçon, et se laissa doucement tomber à la verticale, se recroquevillant contre le lit, assis par terre. La scène était terriblement drôle, mais Léonard n'avait pas trop la tête à rire. Surtout qu'être hilare alors que quelqu'un passe un coup de fil en étant ivre, c'était le mauvais combo. Puis, en imaginant que la personne à l'autre bout du fil soit quelqu'un avec qui il fallait être sérieux, style un parent...

Alors il resta silencieux.

« Allôôôô ? Je-je ssssuis occu-ccuppé- »

A cette distance, Léonard réussit à percevoir les bribes d'une voix féminine. Et vu le ton qu'elle prenait, c'était une femme assez énervée. Léonard se mordit la lèvre inférieure, observant son colocataire soûlé et ivre.
Il le vit ramener ses jambes à lui et enfouir sa tête dans ses genoux. Léonard expira, un air inquiet sur le visage.

Léonard avait suffisamment abusé de Leopold. Vengeance et défi accomplis. Il avait eu ce qu'il voulait, combien même Leopold n'en savait rien.
Léonard se leva donc et prit sa propre couverte pour enrouler son colocataire dedans. Tant qu'à s'endormir, autant le faire proprement. Il passa donc la couverture derrière lui, puis ramena les bords sur ses jambes.

Il mima avec ses lèvres un :

" Désolé. "

Qu'il n'était même pas sûr que Leopold puisse voir. Par la même occasion, il se releva et chercha dans son armoire une bouteille d'eau - non ouverte - pour la donner à son colocataire qui devait mourir de soif. L'alcool, ça déshydratait plus qu'autre chose.
Il s'avança vers lui tout en ouvrant la bouteille avant de la refermer, puis il la posa à côté de lui. Il ne savait pas quand Leopold s'en ira dans les bras de Morphée, mais au moins, cela avait le mérite d'être prévenant.

Et enfin, il prit son coussin et la Nintendo DS qui était juste en dessous, rechargée à bloc, puis il fit tomber le coussin en face de son colocataire, à un mètre de lui, avant de s'y asseoir et de jouer à Pokémon, le son coupé.
Il s'assura que Leopold ne s'endormit pas tout de suite en relevant les yeux de sa console de temps en temps.
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Au bout d'un certain temps, Leopold n'entendit plus sa mère. Elle semblait s'être arrêtée. Peut-être même qu'avec un peu de chance, elle avait raccroché ? Il attendit.
Le timide « Leopold ? » qu'il entendit par la suite brisa net les espoirs du jeune homme. Néanmoins, il ne fit rien pour lui assurer qu'il était toujours là. Il était si fatigué… Tendre le bras pour ensuite parler à cette femme si loin de lui, physiquement comme relationnellement était au dessus de ses forces. L'idée même l'épuisait. Pire, le simple fait de penser de manière à avoir une idée aussi construite lui demandait de déployer des efforts incommensurables de concentration.
Le mini lui-même qu'il imaginait emprisonné par l'alcool comme dans une cage invisible s'était tu depuis longtemps, annihilé par l'éthanol et la fatigue.
S'il avait été en meilleur état, Leopold aurait même pu se demander pourquoi il était aussi fatigué : certes, il ne tenait pas l'alcool, et il avait dû en boire une certaine quantité, mais tout de même, une telle fatigue et aussi rapidement… Et s'il avait été en meilleur état et beaucoup plus lucide sur lui-même, il se serait rendu compte que cela faisait des semaines, voire des mois qu'il était épuisé. Des semaines qu'il tirait sur la corde, des semaines qu'il vivait en pompant dans ses réserves d'énergie. Des semaines qu'il dormait peu, se couchant tard après avoir révisé, se levant tôt pour aller courir. Des semaines qu'il vivait dans un contrôle permanent encore plus strict qu'avant pour ne rien laisser paraître de sa détestation pour ses relations, pour la Hampton, pour lui-même. Pour ne rien laisser paraître de sa déchéance.

Il resta donc prostré, recroquevillé contre ses genoux, comme s'il cherchait à prendre le moins de place possible, contrairement à son habitude. Il n'avait pas envie qu'on le voit, et en même temps, il avait tellement envie qu'on vienne lui parler. Qu'on vienne lui dire que tout allait s'arranger. Qu'on vienne le border, comme lorsqu'il était tout petit. Comme avant que son père lui dise ce mot, cette phrase qui avait ruiné sa vie. Il n'arrivait plus à penser, mais il se souvenait de cette phrase, si blessante pour lui à l'époque, qu'il avait prononcé après avoir lu un de ses bulletins de primaire. « Leopold est un garçon intelligent et agréable, un peu rêveur, qui a très envie d'apprendre. Néanmoins, il a un peu de mal à s'intégrer dans le groupe classe. C'est un garçon sensible qui doit apprendre à ne pas avoir peur de l'autre », disait le bulletin. « Mon fils, sensible ? Je ne pense pas. C'est que tu n'es pas mon fils. Tu ne pourras prétendre à ce titre que lorsque tu auras prouvé que tu étais un homme. Fort. Dominant. Un lion, Leopold, tu es un lion. Pas une de ces petites tapettes qui ont peur de tout et qui se font marcher dessus. Compris ? Tu seras fort, et le jour où je l'aurai constaté, alors je serai fier d'être ton père. » avait commenté calmement son père, sans même le regarder. Il ne l'avait plus jamais regardé d'ailleurs ; à chaque fois que ses yeux se posaient sur son fils, il semblait voir au travers.

Depuis ce jour, Leopold n'avait plus jamais semblé mériter l'attention de son père. Il avait beau l'avoir recherchée par tous les moyens, en se forgeant une identité, une carapace, un réseau relationnel, jamais son père n'avait été fier de lui. Il était à jamais resté “sensible”. Sensible. Sensible. Sensible… Un synonyme de faible. Peut-être même pire, puisque l'on pouvait être fort et s'intéresser aux plus faibles, oubliant tout principe de classes : c'était aussi cela être sensible.

Et, aujourd'hui encore, il décevait son père. Il était faible.
Et aujourd'hui, plus que les autres jours, il avait besoin que quelqu'un lui dise qu'il était fier de lui. Que quelqu'un ait de la considération pour lui. Que quelqu'un le voit et le sauve.

Il frissonna, les larmes aux yeux et la tête prête à exploser. Il entendit Léonard se lever derrière lui, et il pria pour qu'il s'en aille, loin, et qu'il le laisse tout seul. Il ne voulait pas s'humilier encore plus en pleurant devant lui. Il ne voulait pas…

Et, il sentit soudainement un poids se poser sur ses épaules, et une chaleur l'envahir progressivement. Il ne releva pas les yeux, effrayé à l'idée que Léonard puisse voir son visage dans ce moment de faiblesse. Il l'entendit encore se déplacer dans la chambre, poser quelque chose à côté de lui, puis il devina à l'ouïe qu'il s'installait en face de lui.

Léonard s'immobilisa, et Leopold ne bougea pas non plus. Il attendit que son colocataire dise quelque chose, lui qui avait la langue si bien pendue, mais rien d'autre que leurs respirations respectives ne brisa le silence de la chambre.

Alors, Leopold, la tête toujours enfouie entre ses genoux et son torse, s'adressa à Léonard.

« Je… Je ne t-te comprends pas. Tu es… illogi-que-que. »
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Pokémon Or HeartGold, avec pour starter Kaiminus sous son évolution d'Aligatueur, renommé par le joueur "Léolard" en "Jetetue". Le starter au niveau 37, Léolard se rapprochait de plus en plus de la ligue Pokémon où il serait enfin le plus grand dresseur de tous les temps.
Pour accompagner Jetetue, il y avait Inutyl le Roucarnage niveau 35, Hulk le Gravalanche niveau 36, Plouf le Leviator niveau 36, Toumou le Metamorph niveau 32, et enfin Tkt le Togetic niveau 31.
Le joueur Léolard de sexe féminin avançait tranquillement vers une des dernières arènes.

Entre temps, Léonard releva les yeux vers Leopold, qui semblait toujours être en train de s'endormir profondément. Tout ce qu'il pouvait voir de lui était ses cheveux bataillés, réagissant aux quelques minuscules mouvements de tête.
Léonard retourna donc à son jeu, tentant de faire augmenter de niveau ses magnifiques Pokémons, renommés avec grâce, goût et élégance.

Il s'écoula quelques secondes dans le silence, où seules les respirations de chacun des adolescents osèrent le briser. Même les boutons sur lesquels appuyait Léonard étaient plus discrets.
Et finalement, alors que le blondinet découvrait une nouvelle ville du jeu, la voix de son colocataire se fit entendre.

« Je… Je ne t-te comprends pas. Tu es… illogi-que-que. »

Léonard releva les yeux sur Leopold, qui avait toujours la tête enfouie dans ses genoux. Il ne s'endormait donc pas. Pas encore.
Le blondinet laissa échapper un petit rire, et secoua la tête.
Ce n'était pas qu'il était illogique, c'était juste qu'il était... Logique, mais dans sa tête. Il suffisait de bien le connaître pour comprendre le cheminement de ses pensées qui traduisaient ses actions. Andrew parlait le Léonard depuis plusieurs années, maintenant. Il suffisait d'un peu de pratique. Même si, vu qu'ils ne se parlaient plus depuis quelques semaines à cause de la chapelle, Leopold n'avait pas trop eu l'occasion de s'exercer.

Il posa sa voix pour qu'elle ne puisse pas paraître agressive aux oreilles du sportif :

" Vraiment ? "

C'était la seule chose qu'il retrouvait à dire, et avec le sourire. Il trouvait ça amusant comme remarque. Mais il pouvait comprendre : rendre ivre quelqu'un pour après en prendre soin, ce n'est pas très logique. Léonard envoyait des signes contradictoires à ce garçon qui n'avait clairement pas les capacités cognitives pour les comprendre. Enfin, d'ordinaire il les aurait eues, mais dans cet état d'ébriété, c'était quelque peu compliqué.

Et puis, en réalité, ce n'était pas le moment de lui donner quatre pages entières argumentées pour lui expliquer pourquoi il agissait de manière si "étrange".
Surtout que cela pouvait se résumer par : "Je suis immature, mais je suis pas un mauvais gars.". Enfin, c'était ce qu'il en tirait, la plupart du temps.

Léonard étira ses jambes et les laissa tendues sur le sol. C'était une position qu'il trouva plus confortable, même si pour éviter le contact physique avec Leopold, il était obligé de les écarter.
Il s'apprêtait à se replonger dans son jeu avant de se rendre compte que ce serait plus simple d'installer son colocataire directement dans son lit, puisqu'il était encore un minimum éveillé.
Il leva alors les yeux de sa console pour regarder Leopold et lui proposer :

" Tu veux pas retourner dans ton lit ? Ce serait plus confortable que le sol. "
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" Vraiment ? "

Leopold eut un sursaut, un seul. Sursaut qui soulignait le rire désabusé et surpris du châtain. Il secoua doucement la tête, et voulut lui répondre de la même façon, en transformant le point d'interrogation par un point. Mais il ne réussit même pas à faire cela. Sa voix, qui ne semblait même pas être la sienne, articula le “vrai”, et le “ment”se perdit dans des tonalités trop aiguës pour être audibles, comme s'il manquait d'air. Le vrai ment. Il mentait. Toujours. Et il avait si peur qu'on s'en rende compte…

" Tu veux pas retourner dans ton lit ? Ce serait plus confortable que le sol. "

Il secoua négativement la tête. Il ne sentait pas en état de se lever, ne serait-ce que pour atteindre le lit juste derrière lui. Il voulait juste rester au chaud, collé contre lui-même, la seule personne qui se permettait encore de le martyriser, qui était également la seule personne à le comprendre.

Il inspira, expira plusieurs fois, ses poumons toujours douloureux, et sa gorge serrée par… de la tristesse ? Il était triste ? D'un côté, il comprenait pourquoi, et il se dit qu'il devait l'être depuis un certain moment, quelques mois, quelques années sûrement… C'est juste qu'il n'avait jamais osé mettre un mot dessus. Parce que tristesse, ça allait avec faible, et faible, ça allait avec sensible. Il ne voulait pas… Il ne voulait pas être ça. Il ne voulait pas être triste. Il n'avait pas le droit. Ça n'était pas pour les gens pour lui. Quand on était triste, c'est qu'on avait plus que ses yeux pour pleurer. Et quand on avait plus que ses yeux pour pleurer… on se tirait une balle dans la tête plutôt que de fondre en larmes. C'est ce que font les grandes personnes. C'est ce que font les notables, les gens responsables, les personnes respectables. N'est-ce-pas, Papa ?

Papa. Papa.
Il sentit distinctement une larme couler le long de sa joue, et il la vit entre ses jambes s'éclater contre le sol en des dizaines, des centaines de minuscules gouttelettes invisibles à l’œil nu pour la plupart. Et, alors qu'il venait de voir cette larme couler, il ne put réprimer un sanglot, long, rauque, incompressible dans sa cage thoracique qui lui paraissait petite, si petite pour contenir autant de tristesse... Il renifla, et cela le fit rire de se dire qu'il venait définitivement de s'humilier devant un petit con de français avec qui il n'avait qu'une petite probabilité de partager sa chambre. Cela le fit rire, et il émit quelques hoquets, entre sanglots et ricanements. Une chanson que sa mère adorait lui revint en tête, et pour la première fois, il en comprit le sens.

« Il est vrai que parfois
Près du soir les oiseaux
Ressemblent à des vagues
Et les vagues aux oiseaux
Et les hommes aux rires
Et les rires aux sanglots
 »

Les rires avaient toujours ressemblé aux sanglots, dans sa vie. Lorsqu'il riait avec ses camarades de classe, c'était pour cacher son dégoût pour eux, qui n'était qu'un dégoût pour lui-même. Lorsque sa mère riait, du temps de son père, c'était pour ne pas pleurer d'être tombée amoureuse de lui, d'un homme absent, d'un père intraitable, d'un mari parfois distant. Quand son père avait ri, la dernière fois qu'il avait vu sa femme et son fils, c'était parce qu'il savait qu'il ne les reverrait pas, qu'il se tuerait avant leur retour. Peut-être que si Léonard riait autant, c'était parce qu'il était triste, lui aussi ?

« Toi aussi, quand t-t-u... quand t-tu rigoles, c'est pp-pparce que t'es t-t-triste ? »
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Il fixait Leopold, dans l'attente d'un réponse. Il refusa sa proposition de le porter dans son lit. Léonard inspira, se demandant pourquoi Leopold ne répondit plus à l'appel, laissant la personne à l'autre bout du fil sans réponses. Pourquoi il était si silencieux. Il ne put s'empêcher de penser qu'en cet instant, son colocataire allait mal. Mais c'était idiot. Il y avait quelques secondes, il était plié de rire.
Cependant, cette posture, cette position, cette aura... Cette façon de répondre, comme si on ne voulait pas que les autres entendent vos gémissements. Tout était si silencieux... Un silence presque lourd.

Léonard se gratta le bras, comme pour faire disparaître la gêne qui le démangeait. Il avait les yeux rivés sur son colocataire, recroquevillé, probablement dans l'attente de quelque chose et en pleine introspection.
Le blondinet inspira. Il était un distributeur de bonne humeur, ce qu'il s'efforçait de faire à longueur de journée, tout simplement parce qu'il détestait ces moments où il ne savait pas comment réagir. Il n'était pas doué pour réconforter les gens. A la limite, il était une bonne oreille.

Et plus le silence se prolongeait, plus il percevait les pleurs de Leopold.
Léonard s'humidifia les lèvres et réfléchit à comment il pouvait faire disparaître ce sentiment de tristesse de son colocataire.
Après tout, il ne souhaitait pas tout connaître du brun, mais ce serait égoïste de lui demander l'entière vérité et ne garder que ce qui l'arrangeait.
Alors, d'un geste décidé, il sauvegarda sa partie et éteignit la console avant de la lancer dans un mouvement précis sur son propre lit. Il posa ensuite ses coudes sur ses cuisses et ses mains s'enlacèrent. Il attendait que Leopold face un signe, faisant comprendre à Léonard qu'il avait besoin de quelqu'un. Il était persuadé que si le sportif jouait un rôle face aux autres, c'était pour qu'ils ne se rendent pas compte de ses faiblesses. Enfin, "faiblesse".

« Toi aussi, quand t-t-u... quand t-tu rigoles, c'est pp-pparce que t'es t-t-triste ? »

Léonard écarquilla les yeux pendant que sa gorge se serrait. Il se rendit soudainement compte que, dans cette histoire, il avait été terriblement aveugle et égoïste alors que c'était lui-même qui qualifiait son colocataire de cette façon.
Alors il baissa les yeux sur ses mains, cligna plusieurs fois des yeux, ouvrit et ferma la bouche à plusieurs reprises, incapable de répondre quoique ce soit.

Et il avait beau se triturer les méninges, rien ne vint. Léonard était un homme d'action, pas de belles paroles réconfortantes. Lui, son dada, c'était les défis débiles.
Il se gratta le cuir chevelu avant de relever la tête vers Leopold, qui attendait depuis quelques secondes une réponse du blondinet.

Alors il se releva sur les genoux, s'approcha de Leopold, et le prit dans ses bras. Voilà tout ce qu'il trouva de bon à faire. Parce que, si il savait bien une chose, c'était que les gens avaient besoin d'un contact physique lorsqu'ils étaient au plus bas. Qu'ils se sentaient soutenus.

Il haussa les épaules.

" Quand je ris, c'est pas pour cacher mes sanglots. C'est parce que je trouve que quelque chose était drôle... "

Il était mauuuuuuvaiiiiiiiis.... Mais mauvais. Très mauvais. Pire gars pour réconforter quelqu'un. Pourtant, il en avait l'habitude avec les déceptions amoureuses d'Andrew, mais c'était différent... Là, c'était une douleur qui devait le toucher depuis plus longtemps...

Il se détacha de Leopold pour s'asseoir en tailleur en face de lui, les yeux sur le sol.

" Si y'a bien un truc que je sais, c'est que plus on s'obstine à garder les choses pour nous, plus les dégâts seront importants lorsque ça va péter. "
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Léonard.
Venait.
De.
Le.
Prendre.
Dans.
Ses.
Bras.

Il se redressa brusquement et faillit hurler tellement ça le… dégoûtait ? Terrifiait ? Scandalisait ?
Son corps s'était instinctivement raidi, stoppant par la même occasion le flot de larmes qu'il déversait auparavant sans interruption. Qu'est-ce-que c'était que ça ? Pourquoi le blond lui imposait-il son contact, son odeur, ses germes ?

Leopold crut qu'il n'allait pas résister et qu'il allait le repousser. Vraiment, d'ailleurs, il avait déjà commencé à redresser ses bras et était prêt à dégager Léonard, d'une seconde à l'autre. Il était à bout de forces, de nerfs, mais son instinct de survie agissait encore, et il lui hurlait qu'un contact avec un autre humain ne pouvait pas, ne pouvait plus être positif pour lui. Ça n'était pas possible. Et puis Léonard se remit à parler.

" Quand je ris, c'est pas pour cacher mes sanglots. C'est parce que je trouve que quelque chose était drôle... "

Il avait plus soufflé ces paroles qu'il ne les avait dites. Leopold avait senti la respiration chaude du blond contre son oreille. Son odeur, mélange de lessive et de bonbons acidulés, emplissait son nez enrhumé. Son pull était à la fois doux et rêche, comme un vêtement qu'on a trop porté et lavé et qu'on n'arrive pas à jeter malgré tout ; cette texture contrastait avec celle de ses cheveux, fins et doux, comme on les imagine dans une pub. Dans son dos, Leopold pouvait presque deviner les billes vertes qui servaient d'yeux à Léonard, émeraudes incandescentes, probablement capables de briller dans la nuit tant elles étaient intenses.

Il résista à son envie de le repousser, de s'éloigner de ce type qu'il ne connaissait pas, de s'éloigner de tout contact humain, de s'éloigner de toute hypothétique maladie qui s'appelait d'ailleurs plutôt émotions que germes, et il referma les yeux, s'abandonnant à l'instant, essayant de se persuader que ça n'était pas Léonard, mais sa mère qui le prenait dans ses bras. Elle l’appelait son lionceau, elle lui assurait que tout allait bien aller, que son périple était terminé et qu'il pouvait enfin se reposer. Enfin.

Et évidemment, dès qu'il tenta de s'imaginer que la situation était celle qu'il désirait, Léonard rompit l'étreinte. Salaud. Il lui offrait un cadeau empoisonné, et dès qu'il comprenait comment l'apprécier, il lui retirait. Léonard se rassit, et Leopold put ainsi deviner dans quelle position ils étaient quelques minutes auparavant. Seule différence, Leopold dévisageait maintenant son interlocuteur, regard triste et joues mouillées.

" Si y'a bien un truc que je sais, c'est que plus on s'obstine à garder les choses pour nous, plus les dégâts seront importants lorsque ça va péter. "

Il sourit doucement. Oui, c'était ce qu'il venait de se passer. Tout avait “pété”, et les dégâts n'avaient pas été négligeables.

« Tu ne crois p-p-pas qu'on garde les choses pour sssse protéger j-justement ? Ou pour protéger les aut-t-tres, j'imagine... »

Protéger quelqu'un d'autre. C'était le thème de beaucoup de films, et pourtant, il n'avait jamais ressenti le besoin de le faire. Ou bien il n'en avait jamais ressenti l'utilité. Sa mère pouvait -et devait- se débrouiller seule. Il n'avait pas de petite amie, ni de petit frère ou de petite sœur. Il n'avait même pas de meilleur ami, alors bon… Et puis, il avait été bien trop occupé à se protéger lui-même, ces dernières années.

« Et si j-j-jamais c'était une invitation pour que je te dé-déballe ma vie, tu p-p-peux toujours courir, Frenchie. » ajouta-t-il, un sourire aux lèvres.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il l'avait précisé. Ni pourquoi il avait affublé son colocataire d'un tel surnom, surtout vu ses propres origines… Sûrement la spontanéité de l'épuisement et de l'alcool.
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S'il s'attendait à ce qu'il sourit... Est-ce qu'il se moquait de sa maladresse ? Est-ce qu'il était juste content parce que Léonard avait réussi à un peu le réconforter ? Est-ce qu'il souriait parce qu'il pensait à un souvenir heureux ?
Tant de questions se bousculaient dans sa tête... Leopold n'était pas un adolescent comme les autres. Si Léonard était illogique pour son colocataire, alors qu'en était-il du brun pour le blondinet ? Il ne le trouvait pas plus compréhensible. Il l'avait senti raide quand il l'avait pris dans ses bras, comme lorsqu'ils avaient été obligé d'être collés lors de l'épisode chapelle. Mais il avait cru que c'était du au stress qu'il l'avait senti si raidi. Au final, peut-être pas.
Peut-être que Leopold était comme Léonard niveau contact, mais avec tout le monde ? Il se sentit bien idiot, d'un seul coup. Ça n'avait pas du le détendre comme le croyait Léonard.
Il était vraiment naze pour réconforter les gens, en fait.
Du coup, ce sourire, ce devait être parce qu'il était méga maladroit. Super... Au moins, ça avait le mérite de faire disparaître sa tristesse.

« Tu ne crois p-p-pas qu'on garde les choses pour sssse protéger j-justement ? Ou pour protéger les aut-t-tres, j'imagine... ? »

Léonard écarquilla les yeux, une seconde fois. Bon sang, Leopold ivre était totalement imprévisible sur ses paroles. Comment avaient-ils pu passer d'une discussion sur la soi-disante "homosexualité" de Léonard sur la philosophie des secrets que l'on garde ?
Il se passa une main sur le visage. Il ne savait pas quoi répondre. Mais après tout, il était l'expert des jardins secrets.

Il se mit à sourire à son tour. Il était bien hypocrite à vouloir connaître les secrets de Leopold, et ce jusqu'à utiliser la force, alors que si quelqu'un tentait d'approcher ses non-dits, il mordait jusqu'au sang.


« Et si j-j-jamais c'était une invitation pour que je te dé-déballe ma vie, tu p-p-peux toujours courir, Frenchie. »

A ce surnom, Léonard se mit à éclater de rire. Pourquoi "Frenchie" ? Tout ça parce qu'il avait habité en France pendant quelques temps ? Bon sang, ce racisme nul !
Il inspira, le sourire sur les lèvres, le regard pétillant et rieur.

" Je sais pas si c'est pour "protéger", mais il doit y avoir de ça. Puis on n'a pas toujours envie de tout dire. * "

Il réalisa que Leopold avait moins de mal pour parler. Il bégayait toujours un peu, mais beaucoup moins, ses mots étaient plus clairs, il ne mélangeait presque plus les langues... Mais il devait toujours mourir de soif.
Il reprit la bouteille qu'il avait posé à côté de Leopold et la lui tendit pour qu'il puisse s'hydrater. C'était important lorsque l'on venait de boire de l'alcool.
Il le rassura :

" Au cas où : y'a que de l'eau dedans. Au pire, si tu me crois pas, je boirais l'autre moitié, comme ça, si y'a de l'alcool dedans, on sera ivre ensemble. "

Il se coupa deux secondes avant de continuer :

" Et c'était pas une invitation pour écouter ta vie en long, en large, et en travers. Juste, si t'as envie de parler, je suis un vrai coffre-fort, le Boche. "

* Dialogue en français (entier)
Leopold Stern
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Leopold ne savait comment Léonard allait prendre sa pique, et il eut l'impression qu'on enlevait un petit poids de ses épaules quand il vit que Léonard n'en prenait pas ombrage. Ça n'était pas le but de sa pique, et il aurait été désolé si cela avait été mal interprété. Heureusement, non seulement Léonard rit à gorge déployée, mais il lui répondit en français, comme par provocation, le sourire aux lèvres.

" Je sais pas si c'est pour "protéger", mais il doit y avoir de ça. Puis on n'a pas toujours envie de tout dire. "

Leopold ne dit rien, il ne fit qu'approuver doucement de la tête. Oui, parfois, on n'avait pas envie de tout dire, ou même de ne rien dire du tout. Juste, rester silencieux. C'était bien. Mais là, étonnamment, même s'ils ne disaient rien d'important, il n'avait pas envie d'arrêter. A ce moment précis, Leopold était tranquille, apaisé. Certes, sa vision lui jouait toujours des tours en lui montrant un monde difforme, contrasté ; certes, il avait l'impression d'avoir un marteau-piqueur en marche entre les deux oreilles ; certes, il se sentait épuisé comme il ne l'avait pas été depuis longtemps. Mais il était loin de ses révisions, loin de ses camarades de classes, loin de ses parents. Pour une fois, il se sentait Leo, et pas Leopold Stern, et franchement, c'était bien d'être soi-même.

Puis, Léonard lui tendit doucement une bouteille, emplie d'un liquide clair. Leopold ne prit pas tout de suite la bouteille, la regardant d'un œil circonspect. Le blond dut le voir, puisqu'il précisa ensuite :
" Au cas où : y'a que de l'eau dedans. Au pire, si tu me crois pas, je boirais l'autre moitié, comme ça, si y'a de l'alcool dedans, on sera ivre ensemble. "

L'idée fit sourire Leopold, et il déplia lentement son bras. Sa main tremblante et sa vision incertaine lui posèrent quelques difficultés, mais il se ressaisit rapidement et il attrapa la bouteille.Avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit, Léonard continua :
" Et c'était pas une invitation pour écouter ta vie en long, en large, et en travers. Juste, si t'as envie de parler, je suis un vrai coffre-fort, le Boche. "

Cette fois-ci, Leopold rit doucement en entendant ce surnom, et le fait qu'il fasse référence à une époque assez sombre de l'Histoire de France n'enlevait rien à l'hilarité de la situation. Il déboucha la bouteille, et alors qu'il s'apprêtait à porter le goulot à ses lèvres, il déclara calmement, en français également : « T-tu es déjà insupportable sssobre, D-D-De La Croix. Je refuse de te v-voir i.. ivre. »

Il but une gorgée, puis une autre, puis une autre. Cela lui faisait mal de boire, ses poumons en feu et sa gorge serrée protestaient amèrement ; mais boire ne faisait que réveiller sa soif latente, soif qu'il avait essayé de satisfaire quelques minutes auparavant, et qui avait été l'instrument de cette farce tragique, et plus il buvait, plus il ressentait cette soif aride, insatiable.
Il but ainsi les trois quarts de la bouteille, et il ne s'arrêta que lorsqu'il n'eut plus assez de souffle pour continuer.

Il referma la bouteille pour ne pas risquer de la renverser, puis précisa en plantant son regard dans celui de Léonard : « Et il n-n'est pas question que je trahisse mon camp, Frenchie. Je serai t-t-tel Enigma : inv-violable. »

La discussion était close. Il avait beau être relativement détendu, ça n'était pas une raison pour se laisser aller à mendier la pitié des autres, et encore moins celle du blond. Puis, il saisit son téléphone, et constata ce qu'il avait supposé : sa mère avait fini par raccrocher, laissant à son fils un SMS qu'il lirait plus tard, à tête reposée. Peut-être irait-il la voir, un de ces jours ? Depuis combien de temps n'y avait-il pas été ?

« Mais peut-être que toi, tu as des choses sur la conscience ? A ta place, je ne me gênerai pas pour tout avouer, il est fort probable que je ne me souvienne de que dalle au réveil. »
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Voir Leopold se mettre doucement à rire à nouveau rassura Léonard. Il ne sut comment, mais il avait l'impression de l'entendre rire pour la première fois, et ce n'était pas déplaisant à entendre. Il avait l'air plus détendu et moins... Attristé. Le Year 12 ne savait pas si c'était parce que les deux ne se gênaient pas pour être taquins, mais la distance qui les avait séparé pendant plusieurs semaines semblait être moins longue.

Léonard baissa les yeux sur le sol lorsque le brun prit la bouteille. Il savait que Léonard se laissait porter par ses émotions, et qu'il y a quelques minutes il était tellement hilare qu'il était prêt à tout pardonner à Leopold, mais était-ce vraiment le cas ? Il se doutait que ivre, Leopold ne pouvait pas vraiment mentir de nouveau et faire semblant d'être quelqu'un d'autre, surtout après l'avoir vu pleurer...
Mais il avait été négligeant. Il avait oublié que les gens agissaient pour des raisons précises, et il ne connaissait pas celles de son colocataire. Il avait été impulsif et avait balayé de la main les possibles peurs de Leopold. La colère l'avait complètement rendu aveugle... Il comprit pourquoi Andrew commençait à en avoir marre.

« T-tu es déjà insupportable sssobre, D-D-De La Croix. Je refuse de te v-voir i.. ivre. »

Léonard releva les yeux et lui sourit. Puis, d'un air détaché, il affirmait :

" Je ne vois pas du tout de quoi tu parles... "

Il fut d'autant plus apaisé en voyant que Leopold but... Mais il ne s'attendait pas à ce qu'il engloutisse le contenu de la bouteille ! Il lui faisait confiance pour ça, maintenant ? Il ne savait pas trop ce qu'il devait en penser... La soif devait être vraiment insoutenable pour...
Bon, en y réfléchissant, Léonard n'avait plus de raisons de le "punir", et du point de vue de son colocataire, il avait été victime d'un simple gage puéril et donc il n'y avait pas de risques pour que Léonard le rende davantage ivre.

Lorsqu'il s'arrêta de boire, le brun semblait essoufflé, ce qui fit sourire Léonard. Il était clairement amusé de le voir à ce point assoiffé. Au moins, l'eau allait réduire la potentielle "gueule de bois". Dans sa connerie, Léonard restait tout de même responsable. Il en était assez fier. Après tout, le but n'était pas qu'il finisse à l'hôpital.

« Et il n-n'est pas question que je trahisse mon camp, Frenchie. Je serai t-t-tel Enigma : inv-violable. »

Leopold avait encré son regard dans celui de Léonard, ce qui eut pour effet de le déstabiliser. Il ne s'attendait pas à ce qu'il trouve de la force pour être aussi précis et... Sûr de lui.
Cependant, le petit sobriquet qu'il lui avait trouvé était revenu, et fit finalement sourire Léonard qui repartit sur son coussin. Les fesses sur le sol, ce n'était toujours pas confortable.

Il était toutefois content de voir Leopold se remettre petit à petit de la "farce" de Léonard.

« Mais peut-être que toi, tu as des choses sur la conscience ? A ta place, je ne me gênerai pas pour tout avouer, il est fort probable que je ne me souvienne de que dalle au réveil. »

Il haussa les sourcils. Lui n'avait rien à se reprocher. Il faisait tout comme il le sentait pour ne pas avoir de regrets. S'il faisait des erreurs, il les reconnaissait - même si ça pouvait être que bien plus tard vu comme il était têtu.
Il haussa alors les épaules avant de s'humidifier les lèvres.

" Je fais toujours en sorte de ne pas avoir de regrets, le Boche. * "

Il n'avait rien à dire. Il n'avait pas vraiment de de "choses sur la conscience" à confesser. Et puis, il parlait à un mec qu'il avait haï pendant des semaines, il n'allait pas lui raconter tous ses déboires et ses non-dits, surtout qu'il détestait qu'on pénètre dans son jardin secret.
Le seul apte à connaître éventuellement ses erreurs et ses éventuels regrets était son meilleur ami. Et encore, même à lui il ne disait pas tout.

" J'aurais juste voulu ne pas quitter la France comme ça, sans que mes parents prennent la peine de me concerter avant. Mais de toute façon, je les aurais quand même suivi au Royaume-Uni, donc bon. * "

Il se leva de son coussin : il n'était toujours pas habillé au niveau du bas, c'était ridicule. Il avait enfilé un pull, mais il portait toujours son pantalon de pyjama. Mais il ne pouvait pas quitter la chambre comme ça, en laissant un colocataire à moitié ivre et avec des émotions changeantes.
Alors il se rassit.
Il comprenait pourquoi il était incompréhensible pour Leopold en fait.

" Et tu sais pas, ça se peut je suis bien plus supportable ivre. * "

Il lui demanda par la suite :

" Mais... Tu n'as personne à qui te confier ? "

* Dialogue en français (entier)
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