DE LA CROIX Léonard
& STERN
Leopold
Leopold
Messe (basse) de minuit
Fuir. C’était ce qu’avait fait Léonard pendant une dizaine de minutes. Ses jambes s’engourdissaient, s’enflammaient, et lui donnaient l’impression de mourir à chacun de ses pas. Et pourtant, ce n’était pas le pire : son pied déchaussé suppliait qu’on le soigne, qu’on le bichonne et qu’on arrête de l’utiliser. Et pourtant, décidé, Léonard n’abandonna pas sa course. Pas encore.
L’homme, toujours à ses trousses, l’interpellait avec une voix fatiguée et essoufflée. Il était loin et ses mots se perdaient dans le silence de la nuit. Le blondinet pouvait à peine les entendre, de là où courait. A moins que ce soit ses essoufflements qui l’empêchaient d’entendre correctement ? Pour répondre à cette question, Léonard s’assura de la distance entre lui et son poursuiveur. Il était si loin… Il aurait pu se cacher depuis un moment déjà.
Alors, il s’accorda enfin un moment de répit. Il regarda à droite, et à gauche, avant de rejoindre à pas de course le bâtiment des chambres. Là où il tournait, l’inconnu ne pouvait pas savoir où il allait, alors c’était un bonus pour lui.
Il ouvrit la porte avec ses dernières forces, et la referma tout de suite après. Puis, il se cacha derrière une colonne assez épaisse pour cacher son corps, contre laquelle il s’adossa. Il s’arrêta enfin, se reposant de cette course qui lui avait semblée interminable. Son cœur battait si vite qu’il pensait sa fin proche. Ses muscles, en feu et contractés, firent trembler ses jambes et ses mains. Sa respiration, si rapide, lui donnait à peine le temps de prendre de l’air. Son pied – son pied ! –, il ne le sentait même plus. Ses oreilles sifflaient, sa peau avait rougi, sa poitrine se levait au rythme trop vif de sa respiration.
Il n’entendit pas la porte s’ouvrir derrière lui, alors c’était bon signe. Il s’assit sur le sol, tout tremblant, essoufflé, exténué. Ce fut sa fuite la plus longue et la plus douloureuse de sa vie. Désormais, il devait se débarrasser de son sac et de ses vêtements, pour éviter qu’on puisse le reconnaître. Super. Cette soirée était la pire de sa vie. Il avait envie de se glisser sous ses draps, nu – il avait si chaud ! – et de ne jamais se réveiller.
Après une à deux minutes de pause, il vérifia son smartphone. Pas de nouvelles de Leo. Il ne savait pas s’il était bien retourné à la chambre ou s’il s’était fait pincer.
« Putain, j’ai pas vérifié si y’avait d’autres mecs ! », jura-t-il.
Il croisa les doigts pour que Leopold ait pu rentrer sain et sauf dans leur chambre. Il ne méritait absolument aucune punition. Puis, dans le pire des cas, si effectivement il s’était fait prendre, Léonard n’hésiterait pas à se dénoncer. Hors de question qu’il prenne à sa place...
« Mais merde, pourquoi il s’est ramené aussi ?! Note à moi-même : ne plus jamais dire où je vais. » râla-t-il.
Bonnes intentions ou non, il n’aurait pas dû intervenir dans sa décoration artistique engagée. En plus, ils n’avaient même pas eu le temps de s’expliquer. Plus il y pensait, plus ça l’enrageait. Qu’est-ce qui lui avait pris, aussi ? Il voulait participer à cette escapade nocturne ? Raté, il semblait pas vraiment content.
Il tenta de se raisonner, se disant qu’au final, c’était lui qui était venu à la chapelle, et que Leo… Mais non, à chaque fois qu’il tentait de trouver une explication, cela aurait pu se résumer en un texto. Un SMS de rien du tout aurait pu lui éviter ce cours de sport improvisé. Mais non ! Monsieur avait décidé de venir !
Léonard souffla. Il devait rester calme jusqu’à avoir sa version des faits. S’il s’énervait tout seul, il allait être encore plus ridicule. Le petit blondinet aux joues rougies et aux sourcils froncés, haletant, pestant contre son colocataire peut-être – sans doute – bienveillant.
Il décida enfin de se lever. Il manqua de s’effondrer sur le sol, mais se rattrapa sur la colonne. Il inspira, espérant que Leo soit vraiment dans leur chambre et non au commissariat.
Il déambula dans les couloirs, épuisé. Sa main effleura le mur, au cas où il s’effondrerait sous la fatigue et il devrait s’appuyer quelque part. Sa vue, plus tôt embrouillée, s’éclaircit enfin. Il aperçut la porte de sa chambre, au loin. Il avait l'impression qu'il marchait depuis des heures, alors que ça ne faisait que quelques minutes à peine. La porte lui semblait si loin, mais à la fois si proche. Il pouvait la toucher du bout des doigts qu'il ne la sentirait pas.
Et pourtant, le moment où il se planta devant la porte de sa chambre arriva enfin. Il renversa sa tête en arrière, exténué, et ouvrit la porte aussi doucement qu'il le put, avant de la refermer à clé sans faire trop de bruit. Puis, il posa son sac, retira avec fatigue et nonchalance tous ses habits hormis son boxer et tomba sur son lit, la respiration encore quelque peu saccadée et le pied endolori. Avec son oeil à moitié fermé, il observa son colocataire. Il était rentré, alors... Et il n'avait pas la force de lui demander des explications... Il le ferait demain, sans doutes... ?
L’homme, toujours à ses trousses, l’interpellait avec une voix fatiguée et essoufflée. Il était loin et ses mots se perdaient dans le silence de la nuit. Le blondinet pouvait à peine les entendre, de là où courait. A moins que ce soit ses essoufflements qui l’empêchaient d’entendre correctement ? Pour répondre à cette question, Léonard s’assura de la distance entre lui et son poursuiveur. Il était si loin… Il aurait pu se cacher depuis un moment déjà.
Alors, il s’accorda enfin un moment de répit. Il regarda à droite, et à gauche, avant de rejoindre à pas de course le bâtiment des chambres. Là où il tournait, l’inconnu ne pouvait pas savoir où il allait, alors c’était un bonus pour lui.
Il ouvrit la porte avec ses dernières forces, et la referma tout de suite après. Puis, il se cacha derrière une colonne assez épaisse pour cacher son corps, contre laquelle il s’adossa. Il s’arrêta enfin, se reposant de cette course qui lui avait semblée interminable. Son cœur battait si vite qu’il pensait sa fin proche. Ses muscles, en feu et contractés, firent trembler ses jambes et ses mains. Sa respiration, si rapide, lui donnait à peine le temps de prendre de l’air. Son pied – son pied ! –, il ne le sentait même plus. Ses oreilles sifflaient, sa peau avait rougi, sa poitrine se levait au rythme trop vif de sa respiration.
Il n’entendit pas la porte s’ouvrir derrière lui, alors c’était bon signe. Il s’assit sur le sol, tout tremblant, essoufflé, exténué. Ce fut sa fuite la plus longue et la plus douloureuse de sa vie. Désormais, il devait se débarrasser de son sac et de ses vêtements, pour éviter qu’on puisse le reconnaître. Super. Cette soirée était la pire de sa vie. Il avait envie de se glisser sous ses draps, nu – il avait si chaud ! – et de ne jamais se réveiller.
Après une à deux minutes de pause, il vérifia son smartphone. Pas de nouvelles de Leo. Il ne savait pas s’il était bien retourné à la chambre ou s’il s’était fait pincer.
« Putain, j’ai pas vérifié si y’avait d’autres mecs ! », jura-t-il.
Il croisa les doigts pour que Leopold ait pu rentrer sain et sauf dans leur chambre. Il ne méritait absolument aucune punition. Puis, dans le pire des cas, si effectivement il s’était fait prendre, Léonard n’hésiterait pas à se dénoncer. Hors de question qu’il prenne à sa place...
« Mais merde, pourquoi il s’est ramené aussi ?! Note à moi-même : ne plus jamais dire où je vais. » râla-t-il.
Bonnes intentions ou non, il n’aurait pas dû intervenir dans sa décoration artistique engagée. En plus, ils n’avaient même pas eu le temps de s’expliquer. Plus il y pensait, plus ça l’enrageait. Qu’est-ce qui lui avait pris, aussi ? Il voulait participer à cette escapade nocturne ? Raté, il semblait pas vraiment content.
Il tenta de se raisonner, se disant qu’au final, c’était lui qui était venu à la chapelle, et que Leo… Mais non, à chaque fois qu’il tentait de trouver une explication, cela aurait pu se résumer en un texto. Un SMS de rien du tout aurait pu lui éviter ce cours de sport improvisé. Mais non ! Monsieur avait décidé de venir !
Léonard souffla. Il devait rester calme jusqu’à avoir sa version des faits. S’il s’énervait tout seul, il allait être encore plus ridicule. Le petit blondinet aux joues rougies et aux sourcils froncés, haletant, pestant contre son colocataire peut-être – sans doute – bienveillant.
Il décida enfin de se lever. Il manqua de s’effondrer sur le sol, mais se rattrapa sur la colonne. Il inspira, espérant que Leo soit vraiment dans leur chambre et non au commissariat.
Il déambula dans les couloirs, épuisé. Sa main effleura le mur, au cas où il s’effondrerait sous la fatigue et il devrait s’appuyer quelque part. Sa vue, plus tôt embrouillée, s’éclaircit enfin. Il aperçut la porte de sa chambre, au loin. Il avait l'impression qu'il marchait depuis des heures, alors que ça ne faisait que quelques minutes à peine. La porte lui semblait si loin, mais à la fois si proche. Il pouvait la toucher du bout des doigts qu'il ne la sentirait pas.
Et pourtant, le moment où il se planta devant la porte de sa chambre arriva enfin. Il renversa sa tête en arrière, exténué, et ouvrit la porte aussi doucement qu'il le put, avant de la refermer à clé sans faire trop de bruit. Puis, il posa son sac, retira avec fatigue et nonchalance tous ses habits hormis son boxer et tomba sur son lit, la respiration encore quelque peu saccadée et le pied endolori. Avec son oeil à moitié fermé, il observa son colocataire. Il était rentré, alors... Et il n'avait pas la force de lui demander des explications... Il le ferait demain, sans doutes... ?